Just ‘cause you carry that shield, it doesn’t mean you’re Captain America.

Un peu déçu de cette première saison, même si elle reste de bonne facture de manière générale. En soi, je n’avais pas tant d’attente que ça à son sujet, parce que Sam et Buck sont très loin d’être les personnages qui m’intéressent le plus au sein du MCU, mais sans doute parce que le premier n’a jamais vraiment eu le temps de briller par lui-même et que j’accrochais moyen à la rédemption du second. Mais après WandaVision, je me disais qu’il y avait moyen d’avoir peut-être quelque chose d’intéressant, d’autant plus que les personnages se prêtaient parfaitement à l’idée que je me fais d’un univers utilisant plusieurs médias pour se développer (garder les films pour les gros évènements, et les séries pour les personnages plus secondaires).

Et le résultat est donc un peu mi-figue mi-raisin, parce qu’il n’y a pas de véritable déception (je n’en attendais pas beaucoup), mais je trouve qu’il manque quand même des éléments cruciaux pour que la saison puisse quand même se montrer intéressante. Ou, pour être exact, il y a un élément en trop : les Flag smashers. La représentation d’un petit groupe anarchiste taxé de terrorisme parce qu’à l’encontre du capitalisme, ça fait déjà doucement sourire (surtout dans la façon dont l’anarchisme est représenté, c’est presque gênant) ; mais c’est que l’histoire ne décolle jamais vraiment, comme si cet aspect de l’intrigue servait de poids mort, de boulet, qu’il fallait se traîner tout le long. C’est paresseux, c’est extrêmement maladroit, et l’intérêt n’est que très limité.

D’autant plus que leurs motivations ne sont clairement jamais établies, dans le sens où on les connaît mais on a du mal à en voir les raisons qui les ont poussés à en arriver là (pour le coup, la saison aurait dû développer plus cet aspect sur le post-blip et ses conséquences géopolitiques). La même chose peut être dite pour Sharon, dont l’évolution fera hausser plus d’un sourcil. Déjà, on ne comprend pas trop son rôle au sein de l’intrigue, dans le sens où je ne comprends pas trop comment Steve Rogers n’aurait pas essayé de la réhabiliter depuis le temps (même en considérant qu’elle ait été snappée), et la révélation finale se montre d’autant plus risible que la réaction de Karli. Non, clairement, le personnage avait déjà été jeté en pâture pour donner à Steve un semblant de love-interest et servir de « convenient character », mais clairement ils ne savent pas quoi en faire d’elle. L’épilogue paraît au mieux maladroit (encore) dans ce qu’il essaye de mettre en place, au pire grossier.

Et c’est ce qui est dommage, parce que la série en fait son axe principal, son fil rouge directeur, surfant ainsi sur une ambiance techno-thriller très proches de ce qu’avait déjà posé The Winter Soldier et, dans une autre mesure, Civil War. Et pourtant, il y avait de bonnes idées à tirer de tout ça. La meilleure étant sans aucun doute le personnage de John Walker qui est juste exactement ce dont avait besoin cette série, dans son contexte. Le personnage n’est pas forcément attachant, il peut même se montrer détestable, mais on le comprend. C’est un excellent soldat qui fait de son mieux pour porter un fardeau que personne ne peut porter : le bouclier de Captain America, ou plus exactement entrer dans les bottes de Steve Rogers. Et Walker essaye, il fait de son mieux selon ce qu’il sait faire, comment il a été entraîné, et c’est ce qui permet de souligner encore plus les paroles d’Erskine dans le tout premier film.

Comme autre bonne idée, on peut souligner le parcours initiatique de Sam pour qu’il arrive enfin à trouver le juste équilibre dans ses termes pour prendre le bouclier à son tour, même si son discours à la fin se complait de naïveté et de raccourcis bidons (c’est clairement le gros point faible de cet épisode final). Le fond résonne bien dans la société moderne, d’autant plus dans le symbole que cela représente, mais la mise en scène est très maladroite pour le coup. C’est dommage, parce que ça plombe un peu justement l’évolution de Sam au cours de la saison, qui était plutôt intéressante maintenant que le MCU avait du temps à lui consacrer. De même que l’histoire parallèle avec Isaiah, dans ce qu’elle porte comme message et symbole, ça s’inscrit vraiment de façon organique au reste pour faire cœur avec l’ensemble.

Dans les autres bonnes idées, j’ai trouvé que le traitement du personnage de Bucky était assez sympa (du moins, sa rédemption semble plus crédible à présent), même si ça restait là aussi un peu trop simpliste dans le cercle au-delà des interactions entre les personnages. Par exemple, la dynamique entre lui et Zemo sur les quelques épisodes (puis la conclusion) étaient plutôt intéressante et s’intégrer bien avec le reste, ou son passé avec le Wakanda ; mais d’autres aspects (le coup du carnet et des noms barrés) restent trop superficiels pour vraiment fonctionner. Parlant de Zemo, l’utilisation du personnage fait un peu sourire : même je n’en étais pas fan dans Civil War (le film aurait pu fonctionner sans y avoir recours), il avait le mérite d’être mémorable. Le transformer en diva du crime, c’est osé.

Le casting est dans l’ensemble correct. Mackie, Stan et Brühl font le taff qu’on demande, sans chercher plus loin. Kellyman et VanCamp sont un peu à l’image de leur personnages : peu crédibles et intéressantes. Reste donc Wyatt Russell, qui sera sans doute la grosse surprise et satisfaction de cette saison dans tous les aspects de son personnage (nan mais sans déconner, comment des demeurés congénitaux en sont arrivés à lui envoyer des menaces de mort ? c’est le meilleur point de la saison !), à la fois le côté un peu boy-scout et militaire traumatisé. Techniquement, pas grand-chose à redire. Comme pour l’ambiance générale, on retrouve un peu la même patte que pour The Winter Soldier sur tous les aspects. Ça fonctionne plutôt bien, y’a quelques scènes bien vues.

Bref, une saison qui repose un peu trop sur la facilité et qui donne, surtout, l’impression de tourner autour du pot à cause de son concept de base (Sam refuse le bouclier de Steve) et ne sait pas trop comment s’en sortir. Encore une fois, garder les éléments déjà présents en retirant les Flag Smashers (ou au moins en traitant ça du même niveau que le rester) aurait pu bénéficier pour en faire une saison palpitante. Ce n’est pas le cas.