ORTI (Objet Républicain Télévisuel Identifié)
Bon, là il faut vraiment me «flageolet» (ils ne bouffent que des conserves) !
Je ne comprends toujours pas pourquoi je me suis remis à regarder cette série indigeste, profession de foi de l'Amérique… La raison : ne pas me lancer dans une nouvelle série, et utiliser ce temps «récupéré» à d'autres activités, tout en ayant un truc à regarder au moment du déjeuner… L'autre raison : j'avais probablement besoin de voir qu'il y a plus con ailleurs, afin de me remotiver les neurones et partir à la chasse aux bons mots…
Le truc qu'on qualifie d'invasion d'aliens, les bien-nommés "skitters" et "fish face", comme loutre-Atlantique savaient déjà surnommer l'ennemi, le rouge ou l'empire du mal, vient d'un pitch rabâché depuis H.G. Wells et consorts, même Orson Welles en a fait une blague radiophonique… Seulement, ne peut-on pas rêver - «Walking Dead» l'a fait - les séries américaines aux concepts éculés, capables d'être malgré tout de bonne constitution ?
La constitution est d'ailleurs le leitmotiv du show. Tout est basé - tel «Independence Day», comme chacun l'aura noté - sur l'Histoire perpétuelle d'un gentil peuple menacé d'extinction, qui, pour reconquérir sa liberté (individuelle ?), prend les armes et résiste face au méchant oppresseur : anciennement les anglais, les russes et les "french fries" (cf. le protagoniste principal Tom Mason, interprété par Noah Wyle, qui fait le lien avec les événements historiques relatifs à la création des États-Unis, et ceux qui se déroulent dans le seul pays capable d'endiguer l'invasion extra-terrestre).
Évidemment, on ne coupe pas au sempiternel refrain du «la famille c'est l'essentiel !», «l'armée unit les hommes», «l'homme, et même les gamins, part en guerre quand le sexe faible s'affaire en cuisine» ; attention, il est vrai qu'on a affaire avec une véritable évolution des mœurs, non je vous jure ! Certaines portent l'uniforme, mais bon, c'est pour se racheter bien sûr, elles ont commis des actes répréhensibles durant leur jeunesse… Attention gros spoiler hyper déroutant ! Elle a abandonné son enfant à la naissance (avortement impensable) et s'est droguée… pas bien ! - il faut vraiment voir le passage, saison 2 épisode 8 je crois, en mode j'ai un grand secret à te révéler et tu ne vas plus m'aimer, parce que ça fait 8 épisodes que je maintiens le mystère (c'était une bad girl, mais bon, elle se rachète en allant cramer du méchant conformément aux ordres)… Ou, une autre pratique la médecine - preuve qu'aujourd'hui la femme est capable de faire des études - mais bon elle est pédiatre, elle s'occupe quand même des gosses !
On est face à une narration condensée (en fait, les scénaristes semblent pressés de placer leurs idées [débiles au demeurant] parce qu'on ne leur autorise que 10 épisodes) et un montage blindé d'ellipse, qui empêchent le développement des personnages et amènent des actions non-sensiques et de plus en plus manichéenne. Il ne se passe rien, tu devines le texte deux épisodes à l'avance, et pourtant, ils ne sont pas capables de composer des persos de plus de trois traits de caractère (je suis chiant, j'ai une tête à claque, et je veux tirer sur tout ce qui bouge… 1er degré hein ! Il faut pas croire qu'il voudrait tirer autrement qu'avec un flingue !!!).
Et puis, soyons lucides… Franchement, des persos qui, en mode survival, se regardent dans le blanc des yeux et attendent 6 mois avant de se toucher les lèvres, sans avoir envie de baiser comme des chiens, alors que dehors tout le monde crève, vous y croyez ? Cf. l'insupportable binôme fils aîné et meuf en sursis (elle a un cancer) qui joue au chat et à la souris… Mais putain, attrape-la !!!
Et on voit tout le temps des grands drapeaux tous neufs, bien repassés, qu'ils prennent le temps d'installer dans leur bivouac (ils y restent à peine 3 jours parfois), pour montrer que la nation américaine marche encore sur ses pieds… Mais où est donc sa tête ? Et évidemment, Dieu qui croit toujours en l'Amérique…
Cet ORTI est un véritable éloge du parti, coproduit par la NRA et financé par Darth Spielberg (celui de Cheval de Guerre, Amistad ou encore Lincoln), soutien inconditionnel du troisième type qui s'est gouré de planète. Et là, on a juste envie de prendre leur vaisseau et de se barrer pour des contrées moins obscures, en laissant ces «pauvres» hères se démerder avec ces bestioles qu'on trouve finalement bien plus sympathiques que les couillons qu'ils veulent asservir. Une seule chose à dire : Mon dieu ! Mais tuez-les tous !