Faraway Downs
6.8
Faraway Downs

Série Hulu (2023)

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Revenu de loin, Australia tombe encore plus bas

Comptant parmi les rares laudateurs du film original, c'est avec beaucoup d'intérêt que je me suis penché sur ce "film raconté en 6 chapitres", autrement dit cette version longue entrecoupée de six génériques de début et de fin, qu'est "Faraway Downs".

A mon grand regret j'ai été profondément déçu par cette expérience et ce nouveau parti pris du réalisateur fantasque de Moulin Rouge et de Gatsby le Magnifique. Indéniablement Luhrmann rumine encore l'échec de son film au box-office, le seul de son étonnante carrière cinématographique, et il s'est dit que de rajouter les scènes coupées, proposer une fin alternative et changer la musique, permettrait sans doute au public de réaliser quel chef-d'œuvre incompris est vraiment son film. La plateforme Hulu, qui doit sans cesse renouveler son catalogue pour exister face à la concurrence, a sans doute dit oui trop vite.

Malheureusement le rythme de la série dessert complètement le projet original. Pensé comme une grande fresque héritière du cinéma romantique classique, chargé d'images tableaux et de pompeuses séquences lyriques, tous les effets se trouvent amoindris par ce format sériel au rythme syncopé. Par ailleurs des pauses franches avec écran noir contribuent lourdement à ces problèmes de rythmes, elles semblent faciliter l'insertion de coupures pubs en vue d'une diffusion TV à l'ancienne, mais pour qui ? Dans quel pays ? alors que la diffusion en territoire anglosaxon et européen est assurée par Hulu et Disney+. Ce choix anachronique ne s'explique pas. Quoi qu'il en soit le fait d'avoir des épisodes alternant entre 45, 35 et 25 minutes rend le visionnage chaotique et trahit le manque de matière, on sent que les séquences supplémentaires étaient tout à fait secondaires et répétitives. Et bien sur le fait de se frapper des génériques début/fin de 2 minutes freine le retour dans l'intrigue.

Le remplacement de la musique est également dommageable. Le score de de David Hirschfelder était sans éclat mais unifiait le film tout en proposant différentes textures sonores en associant l'orchestre symphonique à des instruments aborigènes. Kara Talves, dans le giron d'Hans Zimmer via la société Bleeding Fingers Music, propose une partition qui manque d'identité. Elle compense son manque budget par de l'électronique et semble déchirée entre le temp track de la musique originale, l'utilisation diégétique d'Over the Rainbow, et la tentative par Lurhmann d'intégrer au chausse pied un nouveau thème, exploité par la chanson pop "The Way" qui accompagne le générique. Générique qui est par ailleurs d'une laideur incompréhensible. Quand bien même on sent la déférence vis à vis du style graphique aborigène, celui-ci semble sortir d'un dessin-animé pour enfant cheapouille et ne nous invite pas du tout à rentrer dans l'univers du film.

Pour ce qui concerne le reste, c'est à dire ce qui faisait la qualité et les défauts du film originel Australia, je me contenterai de dire qu'il faut mettre ses habitudes de spectateur contemporain de côté, ne pas détester une Nicole Kidman en voie de reconstruction chirurgicale, et s'imaginer dans une grande salle de cinéma, pour savoir apprécier un film qui, finalement, n'avait vraiment pas besoin d'être abimé de la sorte pour mériter une seconde chance.

Naoo
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le 8 déc. 2023

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