Fargo, la série devenue culte en une seule saison, inspiré du film éponyme des frères Coen, vient de finir sa seconde saison, c’est donc le bon moment pour ma critique !
Saison 1
2006, ville de Fargo - Minnesota, Lester Nygaard (Martin Freeman), (mauvais) vendeur d’assurance, Lorne Marlvo (Billy Bob Thornton), (mystérieux) tueur à gages, une rencontre étrange, des flics et voilà Fargo.
La saison 1 a été une révélation incroyable dans le monde des séries, notamment par la parfaite maîtrise du scénario et des retournements de situation, chaque épisode se savoure, le pilot est simplement magistral, le style de la série se définit directement dans celui-ci, si vous n’aimez pas le pilot, pas besoin de regarder la suite, si vous aimez, vous aimerez la série.
L’histoire est pourtant très simple, mais l'écriture, comme les personnages et la narration, sont d’une qualité, d’une simplicité et d’une fluidité parfaites. Le côté très second degré et les dialogues parfois surjoués pourraient en faire une série casse gueule, mais les acteurs sont tellement bons, tellement dans leurs rôles, que sa marche magnifiquement bien.
Et la mise en scène ! L’ambiance froide et glauque, la gestion artistique calibrée aux parfaits moments, l’aspect parfois très calme de la série fait passer chaque moment d’action, même le plus petit, pour quelque chose d’exceptionnel.
La saison 1 été une réussite quasiment en tous points, mais quand est-il de la saison 2 ?
Saison 2
1979, Fargo – Minnesota, Sioux Falls - Dakota du Sud, Peggy Blomquist (Kirsten Dunst), coiffeuse, Lou Solverson (Patrick Wilson), flic, Ed Blomquist (Jesse Plemons), boucher. Une Mafia, de la neige, des camps ennemis, du sang et un style propre à la série, pas de doute, c’est bien Fargo !
Par où commencer ? Comme pour la saison 1, le pilot de la saison 2 est magique, d’abord l’introduction, complètement déjanté avec ce dialogue, qui, à première vue est anodin, mais qui va finalement être fort important pour le reste de la saison. L’intrigue est beaucoup plus complexe que dans la première saison, plus de personnages et par conséquent plus d’intrigues, plus de lieux également, mais encore une fois une maitrise impeccable.
Parlons d’abord de l’esthétique, ce qui m’a choqué dès le premier épisode, c’est bien l’esthétique, les jeux de lumière (Comme ici), les couleurs 70's (Là) , les plans, tout est absolument magnifique, honnêtement, faites pause à n’importe quel moment de n’importe quel épisode et voilà, un super wallpaper !
La mise en scène est toujours parfaite, chaque plan est pensé pour plaire aux spectateurs, pour rester dans l’esprit Fargo, on trouve des écrans scindés, qui ne sont pas toujours utiles en soi, mais qui offrent une jolie mise en scène, notamment dans les moments plus calmes, c'est une idée simple, mais efficace !
La saison regorge de référence, je pense notamment aux OVNI, qui ont souvent été « aperçu » à cette époque dans le Minnesota, ce qui prouve que Fargo est imaginé d’une manière très précise, avec le moindre petit détail.
On assiste dans cette saison à une multitude d’épisode incroyable, de tension et d’action, sans perdre de vu l’idée de départ, cette saison 2, qui se détache totalement de l’histoire du film, réussi, et montre que la saison 1 n’était pas un simple coup de chance pomper sur le film des frères Coen. Chaque épisode montre le génie total des scénaristes.
L'épisode final est beaucoup plus calme, sans être incroyable, il termine parfaitement la saison, on assiste à "la fin" des personnages et l'histoire est alors bouclée.
Saison 3
2010, Minnesota, Emmit Stussy (Ewan McGregor), business man, Ray Stussy (Ewan McGregor), looser, Gloria Burgle (Carrie Coon), flic. Une vengeance familiale, des mauvais coups, des quiproquos et toujours du sang, la saison 3 est bien une saison de Fargo !
Comme pour la saison 2, l'introduction de la saison 3 est vraiment intéressante, mais cette fois sur la longueur. Dans cette saison plus que dans les deux autres l'histoire est un mystère permanent, à base d'énigmes et de citations étonnantes rendant les personnages (V.M Vargas et sa petite équipe notamment) extrêmement complexe et possédant un background ultra mystérieux, à la manière de Malvo dans la saison 1. Beaucoup ont moins apprécié cette saison, elle est pourtant bien plus poussée et complexe que les deux précédentes, j'ai beaucoup de mal à décrire cette saison, elle doit vraiment être jugée en entier et non pas, comme beaucoup l'on fait, épisode par épisode en se disant que c'est moins bien, oui ça l'est au début, mais le tout est d'une cohérence et d'un génie tellement hallucinant qu'au final, on se rend compte que cette saison est un condensé de ce qui avait fait le charme des deux premières, elle reprend les mêmes principes, mais en 1000 fois plus maîtrisé.
Pas besoin de revenir sur la réalisation, les acteurs ou l'esthétique, c'est du Fargo comme on l'a vu avant, par contre toute l'équipe de Noah Hawley fait preuve d'une inventivité dingue pour chaque épisode, avec l'utilisation de la musique qui joue cette foi-ci un rôle important, les métaphores animales sur lesquels on pourrait faire toute une rédaction ou encore les scènes isolés (l'histoire du robot, l'introduction, l'homme au chaton etc…) qui apportent un background immense à toute la série.
Dans cette saison on se surprend à voir le dénouement de chaque personnage qu'il est impossible de deviner, les gagnants ne sont pas ceux que l'on imagine, le final est magistral et repose sur tout le reste de la saison, jusqu'à la fin le mystère est maintenu, aucun personnage ne connait vraiment la vérité, nous, en tant que spectateur, avons tous les éléments pour comprendre cette intrigue.
Vraiment je ne sais pas comment définir cette saison sinon qu'avec le mot "génie". C'est du génie qui prend tout son sens au fil des épisodes, une fois que le spectateur a réfléchi à toutes les possibilités et à tous les liens qu'il est possible de trouver, un re-visionnage est certainement nécessaire pour mieux apprécier, mais putain, c'est du génie.
Finalement la saison 3 de Fargo aura encore une fois dépassée mes attentes, alors que j'avais peur de voir une saison moins bonne, c'est finalement un pur produit de génie que j'ai savouré jusqu'à la dernière seconde du générique.
Saison 4
Saison 4 magistrale, du grand art dans la narration, dans la réalisation, dans les musiques, dans les dénouements des intrigues. Fargo sait plus que jamais comment s'approprier le format sériel et c'est pour ça que beaucoup ont trouvé le début de saison moins bon qu'à son habitude, car aujourd'hui les séries se contentent - pour beaucoup - d'épisodes presque indépendants, de mini-film qui ne font qu'offrir un lien vers l'épisode suivant à la seule aide de cliffhanger. Pour cette saison 4 c'est différent, c'est une véritable histoire découpée en 11 épisodes tous nécessaires qui disséminent petit à petit dans les détails de l'intrigue des liens pour permettre la compréhension générale. C'est maîtrisé de bout en bout, finement écrit, subtilement joué.
Une saison 4 qui a su renouveler l'esprit Fargo sans en perdre la saveur, la mise sur image du cycle de la violence, du grand art de la part de Noah Hawley et de toutes les équipes du show.
Fargo, c'est un sans-faute du début à la fin, si il n'y a pas de saison 4 (et même s'il y'en a une d'ailleurs) alors je peux dire bravo à Noah Hawley et toute son équipe, cette série est incroyable.