FLCL, c'est trois choses : une production impec', une thématique développée de façon intéressante, et un tourbillon de feels dans ta face. En même temps, cette série allie robots, guitares, roi des pirates, extraterrestres, et métaphores sexuelles, comment on peut rester stoïque face à un mélange aussi explosif ? Moi en tout cas, je ne peux pas, et je n'ai pas pu.
En regardant FLCL pour la première fois, on est traversé par plein de choses. On aime ou on aime pas, mais ce qui frappe quand même, c'est la réalisation calibrée au millimètre près qui rythme efficacement l'intrigue, l'OST qui colle merveilleusement bien au ton de la série, et les personnages, très originaux (dont je ne dirai jamais assez de bien), qui apportent une grande fraîcheur aux clichés habituels de l'animation japonaise. Tout ce joyeux mélange possède une alchimie indéniable, qui donne à cette série une ambiance vraiment unique et incontestablement réussie, et ça envoie du paté. Du côté du show, FLCL assure.
L'autre particularité de la série, le traitement de la thématique du passage de l'enfance à l'âge adulte, est aussi diablement bien foutue parce qu'elle est très bien amenée et n'empiète pas sur le reste. Avec du recul, cette thématique donne une cohérence supplémentaire au scénario, et le symbolisme qui parsème la série lui donne un peu plus de profondeur. Mais à la rigueur, elle n'a pas besoin de tout ça pour être réussie ; en multipliant les situations complètement loufoques, toute la symbolique développée autour des guitares, par exemple, s'ancre le plus naturellement du monde dans le reste, et c'est tant mieux.
Parce que c'est bien ça, la grande force de cet anime, au-delà de sa réalisation : introduire un univers avec une cohérence propre, certes complètement décalé, mais qui ne tombe jamais dans la branlette intellectuelle. Au premier abord, la série est un joyeux bordel, mais tellement travaillé que celui-ci ne tombe jamais dans la lourdeur, et en est même plaisant à suivre. Et très rapidement, on se prend au jeu.
A l'arrivée, FLCL est suffisamment riche et suffisamment bien rythmé pour qu'on puisse en avoir deux lectures. Une première lecture, plutôt pop-corn, où on se vide la tête et on se délecte de regarder un véritable OVNI qui va à 100 à l'heure mais qui a le bon goût de varier les temps forts et les moments plus posés, servi par une réalisation, un chara-design (vraiment exceptionnel, je le redis) et une OST de grande qualité ; et puis une deuxième lecture, peut-être plus adulte, où on fait véritablement attention à tous les innombrables petits détails et au symbolisme qui donne à l'oeuvre toute sa richesse et toute sa dimension.
Et dans les deux cas, force est de reconnaître que la série fait bien son travail. Trop bien, même ; c'est presque comme un gros spectacle qui brasserait tellement de choses qu'on serait obligé d'y retourner, parce qu'on passe par tous les états possibles et imaginables en presque 3h de temps. Devant FLCL, vous ressentirez probablement de l'incompréhension, peut-être même du malaise, mais aussi de l'admiration, de l'excitation. Mais vous ressentirez assurément de la tendresse, parce qu'après tout, FLCL ne présente que l'histoire pas très banale d'un enfant qui grandit, et dont le rapport au monde change. Et vous ne pourrez pas en sortir sans vouloir y revenir pour bien saisir tout ce que vous venez de voir.
Et peut-être que c'est ça que FLCL essaye d'accomplir, finalement. D'abord, faire en sorte qu'on en prenne plein les yeux, comme un enfant devant un gros film de robots qui dépote ; et puis, une fois que la tornade sera passée, que Naota aura grandi sous nos yeux, faire en sorte qu'on ait l'envie de se remettre devant avec un bon thé noir. Alors seulement, faire attention à la richesse de l'oeuvre, et remarquer que nous aussi, on aura sûrement un peu grandi.