C'est quoi votre petit plaisir coupable ? Le truc que vous appréciez énormément mais qui ne cadre pas du tout avec votre personnalité et vos goûts, au point de ne pas trop en parler à votre entourage sous peine de chambrage goguenard. Allez, il y a bien un petit quelque chose .... du genre vous êtes licencié dans un club de pétanque ou vous faites partie d'une team de sous-titrage de séries allemandes.
Moi c'est la Formule 1.
Je me suis longtemps demandé comment j'étais tombé dedans. Je ne suis ni sportif, ni amateur de voitures. Mais quand j'étais ado j'avais été fasciné en voyant aux infos le geste de Schumacher qui avait délibérément tenté d'envoyer Villeneuve dans le décor pour être champion à sa place. J'y avais vu, je crois, la dramaturgie, la caractérisation et le storytelling que j'apprécie habituellement dans des histoires de fiction.
Alors pendant 15 ans je me suis coltiné les grand prix toutes les deux semaines. La plupart du temps je m'ennuyais ferme, sans m'en rendre compte, sans me l'avouer. J'en ai avalé des victoires de Schumacher pliées dès le premier virage, des tours sous safety-car et des Grand Prix de Monaco (le plus chiant de tous, il faut le dire), pour quelques moments savoureux qui la plupart du temps se produisaient en dehors de la piste.
J'ai fini par comprendre que ce que j'aime dans la F1 ce sont les histoires de pilotes et d'écuries, les rivalités, les manigances et les tricheries, les losers magnifiques et les sales vainqueurs et la manière dont tout ça est retranscrit sur la piste pour donner parfois de grands moments de dramaturgie.
La série "Drive to survive" retranscrit tout cela à la perfection, en m'épargnant le supplice de regarder des voitures tourner en rond pendant deux heures.
[SAISON 2]
Après 5 épisodes, la narration magistrale de la saison 1 semble être restée coincée dans un bac à sable de Barcelone aux essais hivernaux.
On s'ennuie ferme cette année, on capitalise sur les bons clients de l'année dernière (Ricciardo, Steiner, Horner) qui en deviennent agaçants.
Quitte à focaliser sur un "personnage", faites nous marrer avec Raikkonen.
L'épisode Hülkenberg du malaise sauve un peu la fin de saison. La stat improbable qui le ronge comme une malédiction, les vannes incessantes et l'agacement qui pointe, les plans de fin d'interviews qui se prolongent juste assez pour que l'on voit retomber le sourire de façade, le changement de point de vue sur Ricciardo qui apparaît beaucoup moins sympa, et le final doublement cruel : magistral.