Frank Herbert's Dune, diffusée sur SyFy en 2000, c’est la tentative ambitieuse de transposer l’immense épopée de Frank Herbert sur le petit écran. Ici, le désert d’Arrakis n’est pas seulement un décor, mais un personnage à part entière, mystérieux et impitoyable. Les vers des sables ? Des créatures majestueuses et redoutées qui semblent surgir à tout moment pour rappeler à tout le monde qu’ici, l’eau c’est de l’or, et que le sable, c’est la seule certitude.
L’intrigue suit Paul Atreides, un jeune noble plongé dans une série d’événements qui le mèneront à devenir le leader charismatique que tout le monde attend (et que certains redoutent). La série joue sur les grandes thématiques de la trahison, du destin, et des luttes de pouvoir, avec une ambiance théâtrale qui ferait passer Hamlet pour une comédie légère. Les dialogues, volontairement lourds et mystiques, font écho à la complexité de l’œuvre originale et donnent l’impression que chaque phrase est un aphorisme digne d’être gravé dans la roche.
Visuellement, la série offre un rendu qui, avouons-le, flirte souvent avec le kitsch. Les costumes oscillent entre le "somptueux mais bizarre" et le "c’est carnaval et je n’ai rien trouvé d’autre". Les Harkonnen, par exemple, semblent tout droit sortis d’un cauchemar cyber-gothique, tandis que les membres de la Maison Atreides arborent des capes qui crient : "Je suis noble, mais je pourrais aussi être un figurant dans un opéra spatial." Les décors sont à la fois grandioses et étrangement vides, comme si l’équipe de production avait dépensé tout son budget sur une seule scène et ensuite dû bricoler le reste avec des effets spéciaux que même un épisode de Power Rangers pourrait trouver osés.
Les performances des acteurs sont un point fort mitigé. Alec Newman incarne Paul Atreides avec une intensité qui varie entre le héros mystique et le jeune homme qui se demande si tout cela en vaut vraiment la peine. Ian McNeice, en Baron Vladimir Harkonnen, apporte une dimension délicieusement grotesque à son personnage, balançant entre le terrifiant et le théâtral. Les dialogues, parfois exagérément solennels, donnent à l’ensemble un ton mélodramatique qui, si on le prend trop au sérieux, peut prêter à rire. Heureusement, c’est exactement ce qui rend la série aussi divertissante.
La narration avance à un rythme qui pourrait rivaliser avec le vol d’un ornithoptère sous somnifères, ce qui peut désarçonner les spectateurs qui n’ont pas un doctorat en "Mythologie de Dune". Entre les visions prophétiques de Paul, les intrigues de cour et les scènes qui semblent être là pour rajouter un peu de sable (au cas où on oublierait qu’on est sur Arrakis), il faut parfois une boussole pour s’y retrouver.
L’adaptation a le mérite de rester fidèle à l’esprit de l’œuvre originale, avec des détails qui raviront les fans de la première heure. Mais elle peut aussi se perdre dans sa propre solennité, rendant certaines scènes aussi arides que le désert qui l’entoure. Les Fremen, ces habitants mystérieux d’Arrakis, incarnent une sorte de sagesse énigmatique, mais leur introduction et développement sont un peu précipités, comme si la série disait : "Oui, ils sont super importants, mais passons aux intrigues politiques, s’il vous plaît."
En résumé, Frank Herbert's Dune sur SyFy est une tentative audacieuse de capturer la complexité et la grandeur de l’œuvre culte de Herbert. Entre le jeu d’acteur qui flirte avec l’opéra, des costumes qui semblent sortis d’un rêve fiévreux, et un scénario qui avance parfois au rythme du pas d’un ver des sables léthargique, la série a un charme étrange et nostalgique. Pour les fans de Dune qui aiment voir leur saga préférée réinterprétée avec un peu de grandiloquence et de maladresse visuelle, c’est un incontournable. Pour les autres, mieux vaut peut-être se préparer à trouver quelques grains de sable dans les engrenages de cette adaptation.