Quand la tortue prend son temps (et qu’on en perd un peu en route)

Franklin, diffusée en 1997 sur Noggin, est l’histoire d’une petite tortue à foulard rouge qui apprend les leçons de la vie, une coquille de lenteur et de bons sentiments à la fois. Avec son air gentil et sa démarche tranquille, Franklin explore la vie quotidienne comme une grande aventure pleine de mystères élémentaires – du genre « partager, c’est important », ou encore « jouer avec ses amis, c’est mieux que tout seul ». Franklin, c’est un peu la version zen du quotidien enfantin : pas de rebondissements spectaculaires, juste une série de petits événements qui s’enchaînent calmement, presque trop calmement.

Franklin, notre héros reptilien, est sympathique mais sans grandes surprises. C’est le copain tranquille, celui qui n’a jamais de vraies grosses bêtises à son actif et qui résout ses problèmes avec une bonne dose de bienveillance et un brin de naïveté. Entouré de ses amis animaux – Lili la Castor, Martin l’Ours, Arnaud le Renard – Franklin parcourt le village, apprenant des leçons qui semblent parfois tirées d’un manuel de « la vie simple et joyeuse ». Chaque épisode se déroule comme un mini-cours de morale où la résolution est prévisible, mais qui fait toujours passer un message doux et éducatif.

Ce qui rend Franklin un peu décalé, c’est la lenteur assumée de son rythme. Ici, pas de course-poursuite effrénée ni de péripéties haletantes. Franklin vit sa vie de tortue, et cela se ressent dans le déroulement des histoires : les actions se succèdent sans précipitation, et la tranquillité des décors bucoliques renforce cette impression de calme absolu. C’est idéal pour se détendre ou pour que les enfants s’endorment sereinement, mais pour ceux qui espèrent un peu plus d’action ou de suspense, Franklin pourrait paraître aussi palpitant qu’un dimanche pluvieux en plein hibernation.

Visuellement, l’animation est colorée et agréable, mais elle n’essaie jamais d’impressionner. Les décors sont doux, presque pastoraux, et chaque personnage évolue dans une nature idyllique, comme si le monde de Franklin était une réserve naturelle préservée des ennuis sérieux. C’est joli, certes, mais la simplicité des dessins renforce ce côté un peu mou de l’ensemble, comme une carte postale d’un village qui n’a pas changé depuis 50 ans. En somme, c’est mignon, mais ça manque parfois d’un petit coup de peps pour vraiment captiver.

Et puis, bien sûr, il y a les leçons de morale. Chaque épisode a son petit message : la gentillesse, le respect, l’honnêteté… Franklin est presque le parfait élève des vertus universelles, à tel point qu’il en devient parfois un peu prévisible. On sent que chaque problème se terminera bien, que chaque conflit sera résolu en douceur, et cette absence de surprises peut rapidement faire de Franklin un spectacle un peu trop sage. On aimerait le voir sortir des sentiers battus, oser un peu de folie… mais non, Franklin reste bien rangé dans sa coquille d’histoires tranquilles et rassurantes.

En conclusion, Franklin est une série douce et paisible, idéale pour les petits enfants ou pour ceux qui veulent plonger dans un univers sans stress ni méchanceté. Franklin, avec sa gentillesse et son rythme de tortue, est l’ami qu’on appelle quand on a besoin de tranquillité, mais peut-être pas quand on cherche de l’aventure ou du rire aux éclats. Bref, une série mignonne et éducative… mais qui, à force de trop de sagesse, risque de laisser certains spectateurs en quête d’action un peu en sommeil.