Freaks and Geeks
7.8
Freaks and Geeks

Série NBC (1999)

Si j'avais eu la chance de voir une série comme "Freaks and geeks" lors de sa diffusion, ma scolarité désastreuse aurait pu accueillir ce rayon de soleil avec des larmes de reconnaissance dans les yeux. Si Hollywood et la télévision ont maintenant propulsé le geek au sommet de la chaîne alimentaire (à tort et à raison), à la fin des années 90, il n'en était pas encore ainsi et il n'était pas franchement simple à l'ado que j'étais de s'identifier à des stars de football ou à des héros proprets se roulant des pelles sur la musique de Lene Marlin, majoritairement incarné par des comédiens dépassant largement les vingt cinq ans. Créée par Paul Feig et produite par Judd Apatow, "Freaks and geeks" inverse magistralement la tendance.

Entre le sérieux plombant des rediffusions de "Hartley" et ses sujets dignes d'une visite au planning familial et la naïveté inoffensive d'un "Dawson's creek" bouffi d'auto-références, "Freaks and geeks" s'attarde lui sur les invisibles, les laissés pour compte, les indésirables, ceux qui auront un avenir tout tracé et ceux qui n'en auront tout simplement pas. A travers la quête identitaire d'un frère et d'une soeur, la série de Paul Feig nous entraîne dans un bahut comme il en existe partout, avec ses codes et ses luttes de pouvoir, ses apparences trompeuses et ses petits drames quotidien.

Si certains protagonistes peuvent nous paraître antipathiques au premier abord (Busy Phillips et Seth Rogen en premier lieu), la série est suffisamment pertinente pour nous dévoiler petit à petit la psychologie de chacun, les squelettes dans les placards, les émotions refoulées. On s'attache du coup à chacun de ses gosses, sans jamais s'apitoyer gratuitement sur leur sort.

Car si "Freaks and geeks" retranscrit parfaitement le spleen adolescent, il le fait avec un humour constant, la série étant finalement aussi drôle que touchante, sans jamais tomber dans le gag régressif, gardant toujours un pied sur terre.

S'ouvrant sur l'entraînant 'Bad reputation" de Joan Jett, "Freaks and geeks" est sûrement ce qui est arrivé de meilleur à la série télé adolescente, ode aux losers qui ne laisse cependant jamais ses adultes sur le bord de la route (les parents et les profs sont eux aussi attachants), qui a également le mérite d'avoir révélé un paquet de jeunes comédiens talentueux, allant de James Franco à Linda Cardellini, en passant par Jason Segel et Martin Starr, tous excellents. On regrettera d'autant plus l'arrêt soudain de la série, victime du dédain des networks américaines qui auront le culot de diffuser les épisodes dans le désordre, dont les derniers avec plusieurs mois d'écart, nous privant ainsi d'un véritable final.
Gand-Alf
8
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le 2 févr. 2013

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Gand-Alf

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