Friends à l'anglaise?

Une colocation, des amis, des amours, des essais, des échecs et beaucoup de questions. Une fille un peu maniaque, une autre un peu déglinguée et les troisième qui se cherche. Un gars perdu dans la friendzone, un mec bizarre et un fêtard.
Freshmeat s'inscrit clairement dans la lignée des Friends. Une version plus courte, presque plus concentrée de la série culte aux six amis et un barman, qui reprend tous les "majors chords" comme un bon standard de jazz. Chacun est ainsi confronté au long des quatre saisons à un échec, à un drame familial, à une remise en question, à une relation amoureuse ratée.
Friends avait fait rêvé les teenagers avec des adultes qui cherchaient du boulot, Freshmeat rétablit l'équilibre.L'intrigue se situe dans le milieu universitaire de Manchester. Colocation étudiante donc, et les erreurs qui vont avec. Difficile de taxer les personnages d'immaturité, ou le scénario de manque de réalisme. Avec ce petit brin décalé typique de l'humour anglais, et un art consommé de la surenchère, Jesse Armstrong et Sam Bain nous entraînent dans un univers complexe, riche et bien concret.
Contrairement aux autres succes-series sur l'amitié, les personnages ne sont pas présentés dans leur faiblesse ou leur tendresse. Ici, il est difficile de s'apitoyer sur le sort ou le vécu des héros (à une ou deux exception près). Finalement, c'est presqu'une vision neutre de l'homme qui est présentée.
Toutefois, une petite faille réside dans la dernière saison, genre de "level up" du point de vue des situations. Les scénaristes atteignent le point de "too much", les personnages deviennent légèrement haïssable. Mais tout semble se fondre miraculeusement dans le splendide final. Dur, réel, et en même temps, plein de tendresse. De quoi remuer les tripes des plus passionnés des spectateurs.

Du point de vue de l'écriture, deux axes se dégagent. Le premier et le plus évident, c'est la question de la responsabilité. À en croire la série, assumer ses actes, ses décisions, ses erreurs, voilà ce qui fait grandir, et ce qui peut définir un adulte. En parallèle, l'accent est également fortement mis sur l'éthique de la parole. Régulièrement, les personnages mentent, omettent des détails, tordent la vérité ou l'arrangent à leur sauce, et tout aussi régulièrement, ils sont confrontés à des pressions qui font éclater ces bulles irrationnelles et remettent les compteurs à zéro. La limite semble donc ténue entre le "mensonge bénéfique" et l'erreur blessante. Sans prétendre définir la frontière, les différentes situations explorées permettent de poser des jalons à une réflexion autour de cet accord toltèque : Que ta parole soit impeccable.
Et il faut le dire, il semblerait que les auteurs de la série l'aie bien intégrée, tant leur parole, existante par la série, l'est.