Les lumières du vendredi soir...
Ces lumières, c'est celles du stade de football américain de la petite ville texane de Dillon. Dillon pense football, Dillon rêve football, Dillon mange football, vous voyez le topo. Le genre de ville peuplée de gentils losers, qu'il est dur de quitter tant l'atavisme ou le manque de repères et d'ambition vous y retiennent et où le sport représente quelquefois le seul salut.
Mais c'est une ville qui a du coeur, notamment donc pour ses Panthers, son équipe constituée de jeunes du lycée. Ces étudiants, chapeautés par le Coach Eric Taylor (Kyle Chandler, magistral) affrontent les affres de la vie d'ado ou de post-ado en tentant d'évoluer vers leur rêve, à savoir passer pro pour certains, intégrer une bonne fac, ou juste parfois faire mieux que ses parents.
Je me suis lancé dans cette série sceptique, uniquement mû par les excellents critiques qui m'en avaient été faites, et j'avais peur de me retrouver avec un mix bizarre de "Hartley, coeurs à vif" et de "L'Enfer du dimanche".
Force est de constater que... oui et non.
Clairement la série n'est pas exempte de défauts, et la note de 10 que je lui attribue est davantage un coup de coeur plutôt qu'une note de raison.
Oui, certains matchs semblent un peu téléphonés, et voir l'équipe des Panthers s'imposer sur le fil pour la 5e fois d'affilée peut être lassant malgré la tension que la réalisation réussit à insuffler dans les matches (pis ça permet de découvrir un sport peu médiatisé en France).
On n'échappe pas non plus aux clichés, notamment dans le traitement de certains personnages : le geek intello, la jolie nana qui veut être davantage qu'une belle plastique, le prodige à qui il arrive forcément un accident, etc., et les relations/interactions entre eux.
Ces personnages risquent donc d'être perçus comme caricaturaux. Mais la force de la série, c'est de trouver l'équilibre parfait entre les attentes des spectateurs (conditionnées par ces clichés) et les rebondissements inattendus bien que logiques, et de réussir ainsi à croquer formidablement... ben la vie.
Car tout ce que la série dépeint, ce sont des scènes de vie d'une petite société (d'un point de vue sociologique, la série a d'ailleurs de beaux atouts pour être étudiée). Beaucoup de problématiques du quotidien sont abordées, les personnages ont leurs défauts et ne sont pas lisses, et on ne peut s'empêcher de les prendre en affection.
La réalisation peut déstabiliser, très nerveuse, très brute, renforçant ainsi l'immersion et le côté réel de la série. Certaines répliques ou musiques vous hanteront sans doute si vous décidez de sauter le pas et de regarder quelques épisodes.
Bref, une série qui propose certains des personnages les plus intéressants qu'il m'ait été donné de voir ces dernières années, car terriblement humains, pour le meilleur et le pire.
On vit avec eux, on tremble avec eux, et on se rend compte que nous aussi on aimerait bien être en train de hurler dans les gradins du stade de Dillon le vendredi soir.