Game of Thrones
8.2
Game of Thrones

Série HBO (2011)

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Qu'on aime ou pas son esthétique, niveau réalisation GoT c'est du cinéma dans ton petit écran. Enfin j'ai la chance d'avoir un vidéoproj, sur lequel je visionne des liens plus ou moins dégueulasses ; plutôt dégueulasses depuis qu'on risque le spoil par sa propre grand-mère après seulement 6H de diffusion. Ça n'empêche pas d'évaluer la qualité et la diversité des plans : elles sont au service d'une mise en scène au cordeau. Là-dessus, rien à dire.
C'est plus discutable côté showrunning : chaque année des épisodes sont poussés par paquets de 10 le long de dialogues plus ou moins lisses vers une fin de saison explosive... Plutôt médiocre comme procédé.


Mais jusqu'ici, face au détracteur outré par tant de facilité dans le racolage comme face à l'accro au boobs & blood, je ne flanchais pas : "Oh moi, tant qu'il y a des dragons..." Et puis merde, oui, moi aussi j'attendais que les billes noires de ce bel imbécile de Jon plongent dans le grand bleu de celles de Daenarys.
Avec le reste.
Malgré les risques de consanguinité.
(Ou justement avec ?)
Pourtant, 7è saison, c'est le drame.
C'est le début de la fin, y a du dragon en veux tu en voilà mais aucune puissance de feu, fut elle glacée en plein vol, ne peut défendre un scénario aussi faible et ne saurait en aucun cas amoindrir la trahison qu'il représente.


"C'est parce que ça suit pas les bouquins vu qu'ils sont pas écrits, c'pour ça ?" Pensez vous. (Peut-être). On s'en fiche des bouquins. Si tu veux le bouquin tu lis le bouquin, ça vaut pour toutes les adaptations. Et pour ce que j'en sais, la littérature de George R.R. Martin c'est la saga de l'Assassin Royal en mode Bruit et Fureur (un peu). Autant dire un truc cool, mais là n'est pas la question.


Tel Neo capable de prouesses magiques hors de la Matrice, tels les fans services fleurissant comme autant de verrues à la surface d'un scénar à gros tirage (les Animaux fantastiques 2, Blade Runner 2 et bien sûr, la franchise Lucas-Star Wars), GoT nous a trahi.
Le postulat de départ, celui qui donnait sa cohérence et son intérêt à cette banale aventure d'heroic fantasy tenait à son réalisme. Non pas sa crudité ou même sa cruauté ; le réalisme n'est pas la réalité mais une façon de l’interpréter.
Dans sa gestion du temps et des multiples arcs narratifs, GoT tranchait de bien des séries par l'immersion qu'elle permettait dans un monde médiéval proche du réel : un attachement aux personnages sur un temps autorisant la complexité, parfois brutalement interrompu comme dans la vie, et de la magie assez fine pour qu'on ne voit pas les ficelles.


Saisons 7 et 8, les showrunners envoient tout bouler. L'horloge part en couille et c'est deus ex machina à tous les étages.
Là où bien des séries se tirent une balle dans le pied à trop étirer leur sujet, GoT te finit le truc en incendie : du feu partout, du beau feu bien stupide, un plaisir aussi frustrant que fugace. On ne sait pas bien si c'est le budget qui manque, la prod qui écrabouille la série sous le poids financier de son propre succès, ou si leur grand cœur les pousse à satisfaire les bas instincts de leurs fanzouzes.
Toujours est-il, que l'E3S8, « The Long Night » liquide une branche majeure de l'intrigue dans de belles scènes obscures, 45min de money shots sur 1H20 et une prouesse de saut en hauteur totalement improbable. Pas mieux sur l'E4S8 qui carbonise une autre branche majeure de l'intrigue dans des scènes virtuoses avec facile 1H de money shots sur 1H15 et une résistance aux coups de couteau plus pratique que magique de la part de personnages pas même semi-zombies.
SHAME.
PS : clap de fin sur un compromis très moyen ; quelle série "phénomène" s'étalant sur 8 ans et plus a réussi son tout dernier épisode ? Même Seinfeld l'a raté.

claucloc
6
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le 1 mai 2019

Critique lue 464 fois

3 j'aime

claucloc

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