Aussi étrange que cela puisse paraître, la première saison du Trône de fer ne m'avait pas subjugué à l'époque.
Il a fallu que j'y revienne de nombreuses fois pour en voir le bout du tunnel.
"Étrange" parce qu'il semblerait que les saisons qui suivent, notamment la troisième, soient moins apprécié.
Peut-être me trompe-je, mais celle-ci fut vraiment éprouvante tant par son rythme que par ses tenants et aboutissants. De la grande tragédie, musicale et homérique.
Et c'est en ayant été emporté au plus haut point par cette troisième partition que l'envie de refaire un tour d'horizon des prémices m'est venu. L'entame avait été difficile et là, en y remettant les pieds, ce fut une évidence : Game of Thrones est une épopée qui s'apprécie sur le temps. Pas toujours dans «l'instant T». On se rend compte des choses quelques minutes après, mais parfois cela peut prendre des heures, des jours, des mois...
En traînant sur la toile je me suis aperçu d'une remarque bâtarde à l'encontre de la série, et qui revient souvent parmi ceux qui n'ont pas accroché - ou par ceux qui le sont moins : des scènes jugées inutiles et qui n'auraient pas de grande nécessité.
Des... scènes... inutiles...
En apparence seulement.
Ce que j'admire énormément dans Game of Thrones : les scénaristes évitent le "rush".
Peut-on se dire, ne serait-ce qu'une fois, que le cinéma et la télévision ne sont pas des univers où toutes les séquences les plus énormissimes ou décisives n'arrivent pas les unes après les autres.
Qu'elles ne se font pas sans une profondeur d'esprit, sans qu'il y est un fondement minutieux derrière chaque carte déployée.
C'est ce qui a tendance à me plaire : des péripéties anodines qui apportent de l'épaisseur à la dimension humaine, sous toutes ses formes, qu'elles soient psychologiques ou physiologiques.
On sent qu'il y a du coeur qui est mis à l'ouvrage. Une volonté sincère de façonner ce monde de guerriers et de légendes fantastiques. Une volonté de le rendre à chaque fois meilleur. Le vivifier, le temporiser... et le montrer de toutes les manières possibles et inimaginables pour ainsi dépasser le cadre du petit écran.
Certains "détails" et événements ont la force de s'achever en quelques plans. D'autres le font à long terme, tout en amont. Un regard, une conversation, des fers qui se croisent... et le jour où ces choses referont surface, le jour où ces choses seront indiquées et référencées à travers les chemins empruntés : le spectateur pourra comprendre. Il aura été mis dans le secret, et il ne découvrira pas la chose au moment où elle est la plus pragmatique ou la plus épineuse.
Ce souci du "détail" est donc très enrichissant à mes yeux.
Ce n'est pas pour oublier le reste : les acteurs sont d'un excellent calibre.
Quelques uns ont un peu de mal à tenir le bon bout, mais le niveau général et le contexte dans lequel ils évoluent permet de compenser leurs légères imperfections.
Pour tant d'autres choses, cette série passionne.
Elle a une capacité vouée à prospérer : son ludisme contagieux.
Et elle n'est pas prête de sonner le glas...