« Vous, lecteurs du roman qui venez avec vos doutes ou vos espoirs, laissez vous porter ! Effacez vos images comme on frappe contre la margelle […] Avancez donc vierges d’attente, à nouveau innocents et frais, et acceptez cette horde qu’Eric vous reconstitue, laquelle ne ressemble évidemment qu’à lui »
Que viennent faire ces quelques lignes de la préface de l’adaptation BD de La Horde du Contrevent de Damasio dans une critique, si tant est qu’il soit possible d’en écrire une, dédiée à Game Of Throne ?
Ces quelques lignes de Damasio symbolisent, à mon sens, parfaitement ce que Game Of Throne a créé depuis 2011.
Depuis 2011, chacun s’est identifié, chacun s’est fait son histoire, son idéal, chacun a imaginé le chemin que suivront ces Hommes, chacun a analysé et a recrée SON Westeros. Chacun a imaginé ce qu’aurait dû être la fin de Game Of Throne.
Chacun de nous s’est approprié la série comme une partie de soi, Game Of Throne n’était plus l’histoire des scénaristes ni de Martin, c’était la notre.
Et voilà qu’on vient nous l’enlever.
Finalement, pour que Game Of Throne soit une série parfaite, il aurait fallu qu’elle n’ait pas de fin. Qu’elle dure encore et toujours à travers les âges.
Finalement, pour que Game Of Throne soit une série parfaite, il aurait fallu qu’elle soit une réalité parallèle à la notre, qu’on la vive en même temps qu’elle se passe.
Aujourd’hui, Game Of Throne s’est terminée sous nos yeux et nous a rappelé que l’histoire, qu’elle soit notre ou autre, n’appartient à personne, qu’elle ne commence pas en un point précis et ne finit jamais vraiment. L’histoire continue, encore, encore, encore, et encore, pour toujours.
Et finalement, Game Of Throne n’a pas de fin. Ces 8 saisons ne sont qu’une partie, qu’une infime partie d’une immense histoire qu’est celle de Westeros.
Alors parce que Game Of Throne a été un immense moment de télévision et le restera, je dis juste Merci. Merci aux scénaristes, acteurs, costumiers, monteurs, cascadeurs, musiciens, ingénieurs, créateurs, designers et tant d’autres de nous avoir raconter cette histoire.
Merci. Simplement.
Parce que Game Of Throne a été géniale, marquée par des moments de grâce fabuleux. Une galerie de personnages rarissime, une réalisation et des moyens qui, en 2011, étaient uniques.
Dès les premières minutes du premier épisode, Game Of Throne avait tracé quelques chose, pas encore celui d’une des plus grandes séries de l’histoire, mais déjà celui de quelque chose d'ambitieux et d'unique.
Game Of Throne est une série portée par le souffle épique des guerres, de l’amour, des trahisons, de la magie et du pouvoir. Une série ponctuée de massacre, d’empoisonnement, d’acte héroïque et de tromperie qui nous ont surpris et ébahis.
Je n’ai jamais été déçu par Game Of Throne même quand la série a fait des choix forts, car je ne me la suis jamais vraiment approprié.
Ces choix, c’était l’histoire de Game Of Throne et de Westeros pas celle de millions de scénaristes anonymes qui ont cru pouvoir s’approprier la série.
De Ned Stark à Robb, de Catelyn à Jorah, d’Arya à Joffrey, de Clegane à Bolton, du marcheur blanc à Renly, de Margeary à Sansa, de Jaime à Brienne, de Winterfell au mur, Game Of Throne aura tracé sa route, créée des rois et brisée des destinées qui s’annonçaient glorieuses.
Et comme pour la Horde du Contrevent, le meilleur moyen d’apprécier Game Of Throne est de se laisser porter par le souffle de l’histoire que l’on vous narre devant vos yeux.
Une histoire sans héros ni monstres. Une histoire sans fin. Une histoire d’hommes et de femmes vivant dans un monde rude, injuste, corrompu, fait de brigands et de traîtres et dans lequel chacun a cherché à survivre par ces moyens.
Alors Merci Game Of Throne pour cette épopée grandiose, brillamment portée par un casting démentiel, réalisée avec une ambition nouvelle et une volonté de toujours mieux faire, sans jamais vouloir plaire, mais en restant fidèle à Game Of Throne : l’histoire n’est pas juste ou injuste, elle ne récompense pas les héros et ne punit pas les monstres, l’histoire ne suit aucun fil ni destin, elle ne suit que les Hommes qui la font.
Alors bon vent à Jon, Sansa, Arya, Tyrion et consorts.
PS : Jorah Mormont est le plus grand héros de Game Of Throne.