Critiquer une série est un exercice ardu, surtout au bout de 4 saisons ; il y a forcément des hauts et des bas, les épisodes ne se valent pas, et même les saisons se sont pas toutes du même niveau ; Trône de Fer n’échappe pas à la règle. Sauf que quand c’est bon, on frise le génie, et que quand c’est mou, c’est juste bien.
Que dire sur cette série, donc ? Déjà, que d’un point de vue technique, HBO a mis les petits plats dans les grands. Les acteurs sont très bons voire exceptionnels ; il est inutile de mentionner Peter Dinklage, mais Nikolaj Coster-Waldau (Jaime) ou Charles Dance (Tywin) sont également excellents, par exemple. Les décors sont somptueux, la musique est forte et accompagne très bien l’action. Je ne suis pas en mesure de juger de la qualité de la prise d’image, mais rien de choquant en tout cas.
Quant à l’histoire, et bien… “Les Soprano dans la Terre du Milieu”, comme l’a décrite son producteur David Beniof, ça en jette, non ? Pour être tout à fait exact, il faudrait dire “Dallas dans la Terre du Milieu”, puisque le Trône du Fer tient presque du soap.
On y suit des gens puissants se foutre sur la gueule pour des raisons aussi triviales que le pouvoir, la vengeance, l’honneur ou l’argent. S’il n’y avait pas des morts-vivants dès le pilote, on pourrait s’y méprendre… Mais contrairement à un soap, rien n’est figé, rien n’est simple, les personnages sont tous crédibles, entre pragmatisme et idéalisme, entre héroïsme et survie ; c’est d’ailleurs de cette galerie de personnages que la série (et le livre dont elle est adaptée) tire sa force.
L’adaptation, justement, est exemplaire ; il faut dire que l’oeuvre initiale s’y prête largement. Martin aurait pensé à une déclinaison en série dans son écriture qu’il n’aurait pas procédé autrement. Des chapitres point de vue, qui permettent de passer rapidement d’un personnage à l’autre. Si ça peut déconcerter dans un livre, c’est absolument parfait pour une série. Sur le fond, on raconte bien la même histoire ; il y a bien quelques passages manquants (et encore ne pouvons-nous pas savoir s’ils ne seront pas racontés dans une saison ultérieure) mais rien qui touche à la fiction ; les plus grosses différences portant sur le temps (l’âge et la croissance des protagonistes enfants, quelques inversions dans l’ordre des chapitres…), rien de bien gênant.
Pourquoi j’aime bien ? Parce que c’est complètement maîtrisé, parce que c’est un univers médiévale sombre et réaliste, sans chevaliers flamboyants, parce que les intrigues de cour sont bien rendues, parce que le côté fantastique est bien amené, progressivement, parce qu’on y pose mine de rien des questions intéressantes sur les notions d’esclavage, de liberté, de sexisme…