Exercice difficile que la rédaction d'une critique pour un serial. Difficulté accrue alors que celui-ci ne fait que commencer, et que l'on peut apprendre facilement que la série de livre dont le serial est adapté n'est-elle même pas terminé.
Nous rentrons dans cet univers par le nord, au delà du mur, puis Winterfell. Nous y voyons des choses...Magiques? L'arrivée à Winterfell semble rejeter cette éventualité, décapitation pour trahison d'un déserteur affirmant avoir vu des monstres légendaires; la magie ne semble pas être l'apanage des sept royaumes, ici, c'est plus le domaine de l'horreur, cinématographiquement, les emprunts semblent plus fait au gore qu'à Dark Crystal.
La suite nous le confirme, on nous parle de dragons, on a l'impression d'une jeune civilisation qui affirme l'existence d'êtres surnaturelles sans avoir pu les côtoyer, et on admet rapidement que cet éventail de chimères appartient à la même mythologie que celle des anciens et nouveaux dieux; crédulité d'un peuple n'ayant d'autre issue que l'effort.
Et pourtant; les morts marchent, les oeufs éclosent...
Qu'attend-on d'une série adulte. qu'elle traite sans concession de thèmes d'adultes, surtout si son imagerie renvoie à toute une culture d'adulescents attardés.
Le sexe, voilà un thème adulte! Et pourtant...L'inceste, ou nous renvoie t-il, si ce n'est à l'enfance, la naissance du désir "tout les frères couchent avec leur soeurs" plaisantaient Chiara Mastroianni chez Desplechin. Certes...De là à leur coller des polichinelles dans le tiroir et déclencher des guerres civiles pour sacrifier à la discrétion...
Les Lannister sont bloqués dans leur obsessions infantiles, acte incestueux, besoin de remplacer l'autorité maternelle, désir d'impressionner le pêre et tancune d'avoir à le faire, incontrolable répartie insolente. Les lannister, s'ils payent toujours leur dettes, donnent le ton qu'a en fait la série: l'enfance; être l'enfant de quelqu'un; la puberté; les choix; les obligations.
Ce qui ne nous monopolise n'est pas en fait les conspirations ou les batailles, constamment renvoyés au hors champ, à l'extra séquentielle, comme si Bresson décidait de faire une série à gros budget. Ce qui nous intéresse ce sont ces enfants.
Les sanguins et entiers Stark. L'honteux Lanister/ Barathenon. Le mysterieux Batard Barathenon. Les bâtards aussi nombreux qu'ils sont, aussi captivant qu'est leur parcours. La bâtardise en second système de valeur, vous ne regardez pas de l'héroïc-fantasy, vous ne regardez pas de l'histoire. Nous tuerons notre tête d'affiche à la mi-saison et nous jetterons pourtant sur les cliffhanger à chaque épisode...
Games of Throne a tout à prouver, elle a toute les chances de devenir une grande série ou une merde de plus...
Pourtant on a hâte de retrouver le pique des images faites avec la prodigieuse Alexa, tout en espérant que les incrustations seront désormais travaillés par des studios plus compétents. La saison 2 sera décisive, la mise en scêne saura t-elle avoir de pareilles accès de génie ou se contentera t-elle d'accompagner le scénario.
Dans tout les cas, ça faisait longtemps qu'on n'avait pas eu si envie que l'hiver arrive.