Ce n'est un secret pour personne : Netflix a tué le game des séries télé depuis longtemps – et s'apprête sans doute à entrer durablement dans l’arène cinématographique, à en juger par le succès critique d'Okja. Dans le monde sériel, Netflix dispose de ses poids-lourds et porte-étendards : Orange is the new black, House of Cards, les collaborations avec Marvel (Daredevil et cie), le nouveau Stranger Things, etc. Mais chaque année, la plateforme VOD se permet également de sortir des petites perles, sans trop communiquer dessus, à l'image l'an dernier de la série Love de Judd Apatow.
GLOW, produit par une des responsables d'Orange is the new black, et showrunné par des anciennes scénaristes de Nurse Jackie, rentre dans cette catégorie. Cette série comique au format moyen (35 min environ par épisode) raconte comment Ruth Wilder (Alison Brie, vue dans Community), actrice ratée qui galère de casting en casting dans le Los Angeles impitoyable des années 1980, finit par s'enrôler dans le cast d'une toute nouvelle émission de catch féminin, Glorious Ladies Of Wrestling (G.L.O.W.).
Et l'ayant rushé en moins de 24 heures (bon, il n'y a que dix épisodes dans cette première saison), je peux dire que c'est excellent. La série est fraîche tout en recyclant cette ambiance très kitsch des années 1980 avec un certain fétichisme respectueux. Le casting, excellent – parsemé de caméos de vrais catcheurs, tout en auto-dérision – est majoritairement féminin, mais la série évite le piège de la niche : ce n'est pas une série « pour filles » (que cette appellation est idiote...), mais une série avec des filles. Et tous les personnages sont réussis, drôles. Alison Brie promettait en interview : « Certains viendront pour le catch, mais ils resteront pour les personnages ».
Et c'est totalement vrai. Le catch apporte bien cette touche incongrue à la série, avec ses codes très particuliers – qui sont moqués tout en étant respectés pour ce que cette discipline apporte aux personnages – ses combats stéréotypés, à la limite racistes et sexistes (on mobilise des figures simplistes : la basanée joue une Arabe terroriste, la Noire est Welfare Queen, une profiteuse du système) mais parfois résolument progressistes (des Noirs bottant le cul du Klu Klux Klan, le prolétaire face au patron véreux) et la galerie colorée d'événements qui en découlent donnent son ADN pétillant à la série. Mais au-delà du catch, c'est avant tout une série sur une bande de jeunes femmes, qui luttent en dehors et sur le ring pour exister dans une Amérique aux mains des hommes. Une bande à laquelle on s'attache immédiatement : car elles sont drôles et impertinentes, et parce qu'aucune des actrices n'est dans le surjeu. Même les plus féroces fans de Community en oublieront Annie Edison, le génial personnage campé par Alison Brie, qui s'effacera vite devant l'impitoyable catcheuse soviétique qu'elle incarne dans GLOW.