Citation d'Alfred Capus
On va pas se le mentir la saison estivale de cette année n'a rien d'incroyable, d'excellent, de très bien, et même si il n'en est pas le seul responsable, on peut pointer notre copain le coco du doigt qui a chamboulé (voir massacré) les agendas et possibles animes pour au moins les 5 prochaines années à venir. Toute la sphère a été conquise par des animés moyens, toute? non. Un village irréductibles animateurs réfugiés sur Netflix (qui a décidé de faire autre chose que des mauvais feel-good movies pour changer) résistent encore et toujours à l'envahisseur grâce à la potion magique de Reed Hastings appelée "Grosse Moula". Parmi eux Ryota Kosawa et Hiro Kaburaki, deux intrépides animateurs bien décidés à faire du blé, manger un sanglier (il est 1h41, la direction a décidément perdu Lyo sur cette critique) mais surtout faire un bon animé. Et la chasse a été bonne car après avoir tabassés quelques ro(u)mains et attrapés de bons sangliers, les deux compères nous servent ce qui sera sans doute considérer comme le meilleur anime de l'été: Great Pretender.
Étape 0 du casse: préparer le plan
Selon l'intern@ute, un escroc est une personne malhonnête, adepte de la tromperie et du vol par le biais de manoeuvres fourbes. Je ne suis pas forcément d'accord avec cette définition surtout qu'elle ne colle pas du tout avec le sujet. Selon moi mais surtout comme la série nous le montre, un escroc est une personne qui créé un lien, un refuge voir même un univers autour d'une personne et de la faire rêver dans l'espoir d'en acquérir des bénéfices. Et plus j'y pense plus je trouve que l'on peut attribuer cette définition au mot cinéaste voir artiste en général. Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, au cinéma il y a un prix fixe avant l'entrée en salle et on est au courant qu'on nous ment pour nous faire rêver, ça a même un nom "la suspension consentie d'incrédulité". Contrairement à une escroquerie qui va essayer de faire croire que ce rêve est une réalité pour essayer d'en tirer un maximum de bénéfice. Great Pretender n'a pas vraiment une histoire ou un univers propre, nos (anti?)héros recréant tout depuis le début à chaque casse, au point même de changer le ton, la mise en scène et la façon de percevoir les personnages. Cette critique sera donc segmentée en fonction de chaque univers créé et je n'oublierai pas d’omettre les fils rouges qui les lient un minimum entre elles.
Étape 1 du casse: trouver une cible
Le Premier casse (ou première "histoire", regroupant les 5 premiers épisodes) a la lourde tâche d'instaurer des personnages récurrents malgré les gros changement de direction artistique, en plus d'être la première impression du spectateur. Et dans ce monde d'escroc il est intéressant de poser son intrigue autour de Makoto Edamura, quelqu'un qui a toujours essayer de faire le bien mais que tout le monde considère comme un escroc à cause de son père, monde dans lequel il va d'ailleurs sombrer après son arrestation pour un crime qu'il n'a pas commis. Jusqu'à là il n'était qu'un bandit de basse cour, ne volant que des petites sommes pour subsister, mais c'est après sa rencontre avec Laurent Thierry qui joue lui dans la cour des grands, que l'histoire va réellement commencer (d’où le titre "Bon prétendant" avec Laurent qui essaie d'en faire son apprentie). Et quoi de mieux que les USA pour commencer une série d'escroc, en particulier la ville de Ville de Los Angeles ou cinéma, drogue, sexe et violence se rassemblent autour de l'argent. L'univers créé fait sans nul doute référence à cette époque de anti héros glorifiés des 90 mises en avant par Scorses et Tarantino, dont le Pulp Fiction de ce dernier sert de grosse référence artistique. Dans ce monde Edamura va d'abord essayer de s’accommoder, avant de se faire complètement dépasser dans les évènement, montrant au passage qu'il reste quelqu'un de bien, c'est d'ailleurs avec lui qu'on va casser pour la première fois le mythe de l'escroc (chose récurrente, une fois différente par casse) en le mettant face à une violence et des imprévus qui le dépassent. Même si on nous présente tout ce beau monde comme un groupe de connards avec pas réellement un pour sauver l'autre (à l'instar de Pulp Fiction), il faut bien admettre que Laurent se rapproche beaucoup plus d'Edamura dans son fonctionnement au fil du casse (d’où le pourquoi du comment il veut l'engager) notamment en aidant le père de famille mais surtout pour son humour: il bat un réalisateur en créant une histoire, des acteurs, des trucages, presque un film quand on y pense. A la fin notre Edamura vient se rendre à la police pour escroquerie, là ou certains peuvent penser à une prise de conscience, je vois plus une façon de se débarrasser de son ancien lui pour devenir l'escroc que Laurent voit en lui.
Étape 2 du casse: trouver un véhicule
On retrouve donc Edamura tout juste sorti de prison qui essaie de se réintroduire dans la société, ce qu'il arrive à faire en devenant mécanicien. Mais tout ça faisait parti du plan de Laurent qui va le retrouver à Singapour pour son nouveau casse, ou le jeune japonais tiendra justement le rôle d'un mécanicien. On débarque dans une ambiance plus film sérieux mais pas dur (à l'inverse d'un Pulp Fiction qui peut être dur sans jamais se montrer sérieux) à la Don Simpson et Jerry Bruckheimer et je pense plus précisément à Jours de tonnerre (avec Tom Cruise, 1990), notamment dans la rivalité des deux vieux rivaux, et dans celle des deux frères, représentant chacun une facette du sport, l'un le mercantile l'autre la passion, et on peut voir dans le dernier duel que la victoire de la passion signera la fin du mercantile. Ce deuxième casse va plutôt se centrer sur le personnage d'Abigail Jones, la jolie complice colérique de Laurent dans le premier casse, ou on va explorer son passé d'enfant soldat qui lui a causé notamment son traumatisme des avions et sa haine des soldats. Elle va d'ailleurs essayer de luter grâce à Edamura qui commence à se lier avec l'équipe. Toujours avec Aby et dans l'optique de la déconstruction du mythe de l'escroc on retrouve l'idée du "On ne devient pas souvent escroc par choix, c'est souvent un passé pas joyeux qui nous a poussé à le devenir". Quant à Edamura, il commence à s'assumer pleinement en tant que membre du groupe même si il reste quelqu'un de bien, l'entrainant à quelques actes d'insubordinations mais avec un Laurent qui est toujours là pour sauver la situation. Finissons donc de parler de ce casse avec Laurent qui continue à mettre de l'humour dans ses escroqueries cette fois ci en battant un homme qui se faisait de l'argent sur des courses truquées grâce à un pari sur une course truquée (celle montrée sur la télé).
Étape 3 du casse: rappeler de vieux amis
Pour ce troisième casse nous débarquons en France avec une ambiance très film français avec cette ambiance très mélange comédie/drame/romance en plus d'un rythme limite musicale par moment qui me fait penser aux Parapluies de Cherbourg mais je ne préfère pas m'avancer surtout qu'il y a par moment une certaine odeur de "Chantons sous la pluie" qui serait peut être plus adéquat par son origine (on ne parlait que de films américains jusque là) mais beaucoup moins pour sa temporalité (beaucoup trop vieux par rapport aux précédentes inspirations) là ou Demy colle plus. Bref je n'en sait trop rien et si quelque peu m'éclairer qu'il s'avance. En plus du ton beaucoup plus léger, on peut aussi noter que c'est la première fois que nos héros son présentés limite comme des héros bienfaiteur et qu'on ressent qu'Edamura fait réellement parti du groupe, lançant le projet d'escroquerie et remplaçant Laurent, ici simple spectateur du travail de son élève, à la place de direction des opérations. C'est cette fois ci sur Cynthia et sa romance qu'on va se centrer et surtout apprendre la troisième désillusion de l'escroc: "quand on devient escroc, on perd ceux qu'on aime". Elle va d'ailleurs se venger de la personne a escroquer faisant pour la première fois du casse une affaire personnelle. Et c'est sans oublier le coté drôle de la défaite de l'adversaire qui est un faussaire qui récupère ses tableaux en faisant surenchérir une femme; qui va perdre en achetant un faux (bon pas exactement mais vous l'aurez compris) beaucoup trop cher car une femme à surenchéri.
J'aimerai bien conclure en disant que Great Pretender est une déclaration d'amour au cinéma, maitrisé et mis en scène d'une main de maître et sans doute le meilleur anime de la saison mais je ne peux pas encore, à cause d'un bordel de diffusion Netflix ne possède que les 14 premiers épisodes sur les 23 de la série. On attendra donc la sorti et la critique du ou des derniers casse pour conclure avec classe cette sacrée claque que fut Great Pretender
(Réécriture de la suite de mon avis que SC n’a pas enregistré et vu que je suis trop con pour l’enregistrer autre part bah rebelote plusieurs heures de bouleau à la poubelle. SC dans la globalité je vous adore mais parfois on va pas se mentir vous me cassez les couilles. Ce texte sera donc moins long que l’initial car il faut que je bosse sur ma 200eme critique et que je ne peux pas me permettre plus de temps sur un « DLC » d’une critique sortie il y a plus de 6 mois)
23/02/2021 Bon d’accord j’ai du retard (6 mois après la sortir de la 4eme partie et 3/4 mois après que je l’ai visionnée) que l’on peut expliquer par un peu de travail et beaucoup de flemme. Mais bon ça fait pas mal de temps que je revois cette critique et que je me dis que je suis vraiment un procrastinateur détestable surtout pour une critique qui a si bien marché (2000 vues et la critique la plus appréciée de la page SC) et le fait que je sois à l’aube de ma 200eme critique et que je doive tournée la page avec celles de 2020 m’a suffisamment motivé à finir cette fichue critique.
Chapitre 4 : On a tout bien préparer mais ça donne quand même un braquage au pétard mouillé
Pour cette ultime escroquerie on nous ramène en Asie, dans une ambiance très film coréen à la Old Boy, et franchement dans l’ensemble c’est plutôt cool, même si c’est une très mauvaise conclusion. Je m’explique ; on a sonder plus ou moins fortement le passé des personnages il était donc normal qu’on sonde le personnage le plus charismatique de la série : Laurent. Mais peut-être qu’on en a trop dit, au point de casser un peut le mythe et de desservir l’histoire (faire quelque chose à la Aby aurait été préférable qu’un gros épisode flash back qui casse complètement le rythme), surtout que la mort symbolique est complètement cassée par la scène post générique, même si c’est pas trop le genre de la série, cette fois il fallait vraiment laisser les morts là ou ils sont. Et cette vengeance ne change à la fois pas grand-chose à la vie de Laurent. Et il y a aussi cette histoire de faire un plan qui regroupe tous les autres avec tous les méchants, ce qui est d’abord complètement à l’opposé des valeurs morales des protagonistes mais aussi complètement en désaccord avec les carractères des antagonistes. Et là ou les petits problèmes narratifs pouvaient être excusés par la maîtrise de l’ensemble de l’œuvre, ici ça l’est beaucoup moins car on détruit plus qu’on ne construit autour du mythe Great Pretender.
Je finirai donc avec cette citation (certes plus pessimiste que mon ressenti mais que je rejoins dans le fond) d’une autre membre SensCritique
Rien à redire sur l'esthétique et les trois premiers arc étaient
sympas, sans forcément avoir des twists très novateurs. Le dernier arc
par contre... va à l'encontre du reste de l'anime pour moi...
LuluCrapibou (Aller voir son compte elle fait de bonne critique, soutenons un peu les rares critiques d'anime du site)
Great Pretender est une déclaration d'amour au cinéma, maitrisé et mis en scène d'une main de maître, sans aucun doute le meilleur anime de sa saison. Un de ses animes qu’il sera impératif de visionner pour votre culture cinématographique