Avec la longévité et la célébrité d’une franchise comme Lupin, je me suis déjà demandé pourquoi nous n’avons jamais réellement eu droit à d’autres animes dans le même genre. Même le récent Persona 5 n’a pas embrassé pleinement le concept de « gentleman cambrioleur », malgré ses thématiques et inspirations visibles.
L’arrivée en 2020 de Great Pretenders, une série sur une bande d’aigrefins arnaquant d’autres malfaiteurs, a donc été une surprise. Cependant, ce projet du studio Wit (Koi wa ameagari no you ni, Vinland Saga) s’inspire plus clairement de productions hollywoodiennes que d’oeuvres japonaises. Nous retrouvons dans Great Pretenders un mélange d’« Ocean’s eleven » et de « L’Arnaque », avec des touches de « Braquage à l’italienne » ou encore d’« Arrête-moi si tu peux ».
Au delà des hommages volontairement assumés, il y a la volonté tangible de prendre le meilleur de ces influences pour créer sa propre oeuvre de qualité. Le résultat, en ce qui me concerne, est une réussite presque immaculée.
Pendant 23 épisodes, nous sommes plongés dans les aventures d’une équipe internationale de manipulateurs talentueux en tout genre, que nous suivons aux quatre coins du monde au gré de leurs prestidigitations extravagantes, bien qu’assez simples au demeurant. Ce synopsis, couplé avec un rythme endiablé, des personnalités plus grand que nature, des moments touchants ainsi que quelques twists au tournant, font de Great Pretenders un cocktail savoureux et explosif.
En outre, l’anime jouit d’une esthétique superbe. En plus d’un chara-design très réussi de Yoshiyuki Sadamoto (Evangelion), le look de la série se distingue de par sa palette aux couleurs vives prononcées ainsi que des formes simples mais évocatives. Nos yeux n’ont pas le temps de s’ennuyer, d’autant plus que nous sommes amenés à visiter les paysages emblématiques de contrées variées : France, Singapour, Los Angeles, et bien d’autres destinations.
La dimension internationale est sans doute l’aspect le plus réussi de Great Pretenders. En plus des nombreuses nationalités représentées et les vues scéniques du quatre coins du globe, une attention particulière a été apportée au langage. En effet, grâce aux nombreux dubs de Netflix, le producteur du projet, un protagoniste polyglotte peut changer naturellement entre sa langue maternelle et une langue étrangère maîtrisée, tandis que d’autres personnages moins doués seront condamnés, selon l’effet désiré, à baragouiner tant bien que mal un autre dialecte. Le procédé est utilisé plusieurs fois durant la série, et notamment dans le premier épisode, pour montrer efficacement la barrière des langues. Cela pourra apparaître être un détail pour beaucoup mais vu le nombre de fois où les animes sont critiqués pour massacrer toute séquence multilingue, je tenais à souligner cette rare exception.
J’ai jusqu’ici dressé un portrait flatteur de Great Pretenders. Cependant, il comporte comme n’importe quelle autre série son lot de petits défauts. Parmi ceux-ci, les dilemmes moraux persistants d’Edamura, le héros principal, ou les manipulations, d’un niveau inhumain lors du dernier arc, dont il est victime, peuvent s’avérer gênants et clashent avec l’atmosphère désinvolte dominant l’oeuvre.
La plus grosse faiblesse de Great Pretenders réside dans son pénultième épisode, parti en cacahouète avec une résolution finale non seulement fantaisiste et peu convaincante, mais surtout insensée. Un coup dur qui ne ruine pas l’ensemble mais terni tout de même notre impression globale.
Même à son plus bas niveau, Great Pretenders se laisse regarder sans problème. Il ne transcende certes pas les oeuvres auxquelles il fait hommage, mais demeure une série solide, complète et accessible à un large public. L’anime le plus facilement recommandable de 2020 en ce qui me concerne, et l’une de ses meilleures nouveautés.