Griselda
6.2
Griselda

Série Netflix (2024)

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Le Diable s’habille en Griselda

Une série assez décevante, non pas dans sa réalisation, dans sa maîtrise scénaristique ou dans son intensité dramatique - celle-ci reprenant assez fidèlement les ingrédients qui avaient participé à la réussite de Narcos et de sa petite sœur mexicaine. Non, si Griselda déçoit, c’est par son illégitimité historique et par ses prises de position suffisamment grossières pour déborder sur le récit et en gâcher maladroitement la substance.

Narcos et Narcos Mexico nous avaient déjà habitués aux petits arrangements chronologiques, saupoudrés consciencieusement sur leurs récits respectifs pour en faciliter la compréhension, ou pour pimper l’intensité dramatique, sans toutefois jamais tomber dans la surenchère et dans l’outrance.

C’est une autre histoire avec Griselda, puisque la série nous présente celle qui a régné d’une main de fer sur le trafic de coke à Miami sans jamais lésiner sur la violence comme une protagoniste attachante dépassée bien malgré elle par ses ambitions.
Là où la psychopathie paranoïde d’Escobar et la froideur monstrueuse de Felix Gallardo étaient parfaitement dépeintes dans les deux Narcos, la personnalité vicieuse - et particulièrement sanguinaire - de Griselda Blanco est sciemment passée sous silence, métamorphosant cette dernière en une business woman flamboyante, soucieuse du bien-être des autres, contrainte de planifier des assassinats contre son plein gré, en proie à des dilemmes moraux qui ne correspondent en rien à l’absence manifeste d’empathie qui aurait pourtant dû la caractériser.

C’est au fil des épisodes que la série dévoile son jeu, expliquant ainsi au passage ce curieux choix artistique : le show est miné par un parti-pris idéologique qui semble avoir guidé chaque décision scénaristique, de la plus petite à la plus essentielle.
Griselda transpire de ce féminisme à l’américaine qui tord les réalités pour les faire correspondre à un certain idéal, au mépris de toute considération historique.

Au-delà de la glorification de la protagoniste principale - déjà clairement problématique en soi - on retrouve ainsi une myriade de poncifs aussi grossiers qu’absurdes : les hommes sont des porcs et des imbéciles, aussi bien du côté des forces de l’ordre que parmi les rangs des trafiquants, seulement bons à abuser du sexe faible dès que l’occasion se présente. Les femmes, elles, sont toutes de fortes et indépendantes femmes d’affaires, contraintes à verser dans la criminalité pour s’extraire de l’emprise de ces mâles toxiques qui les oppressent.

Une vibe girl power qui tendrait presque à légitimer les agissements d’une femme qui, de son vivant, a inondé la côte Est de poison, et qui s’est rendue responsable de plus de 200 assassinats, enjambant sans remords les cadavres pour parvenir au sommet.
Un choix qui me semble difficile à défendre, et qui entache irrémédiablement les bons points de cette série, elle qui avait pourtant toutes les cartes en mains pour nous proposer une œuvre à l’esprit mordant et cynique sur cette femme terrifiante.

NukaCola
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le 5 mars 2024

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