Gundam Build Fighters par Ninesisters
Gundam est une franchise inégale en terme de qualité, mais qui essaye au moins de maintenir un certain niveau de sérieux et d’exigence. Bon, le studio Sunrise a produit tellement de séries autour de ce simple nom, depuis la fin des années 70, qu’il serait toujours possible de remettre en cause cette affirmation, mais dans l’ensemble, Gundam reste synonyme de guerre, de méchas, et de combats.
Gundam Build Fighters change radicalement la donne. Série à la fois abordable et dégoulinante de références, beaucoup plus enfantine dans l’esprit, nous pourrions la voir comme une trahison de la part du studio. Pourtant, le résultat est tellement addictif qu’il serait impossible de le lui reprocher.
En France, nous ne nous en rendons pas forcément compte, mais au Japon, Gundam est une machine à vendre des jouets. Et pourquoi pas, tant que la qualité suit pour les animes ? Les jouets en question sont principalement des Gunpla, des reproductions en plastique des méchas à monter voire customiser soi-même. Gundam Build Fighters s’articule tout simplement autour de combats de Gunpla, sans chercher à les justifier autrement que pour des raisons sportives et amusantes.
Le concept lui-même de jouets s’affrontant dans des arènes n’est pas nouveau, puisque Angelic Layer partait d’une idée similaire. Cette fois, Sunrise cherche encore moins à cacher la fonction promotionnel de l’anime ; mais de nouveau, j’ai envie de dire que cela n’a aucune importance, du moment que la série est bien faite.
Gundam Build Fighters part d’une promesse : celle de mélanger les codes du shônen sportif, à la possibilité de voir s’affronter des méchas issus de séries différentes. Simple ? Putassier ? Diablement efficace !
Car il faut le dire : la promesse est parfaitement tenue. Les qualités du shônen sportif, nous les connaissons et elles sont parfaitement exploitées ici : nous avons droit à des affrontements grisants – et magnifiquement réalisés, c’est un régal de tous les instants – un tournoi riche en rebondissements, une bonne brochette de rivaux parmi lesquels le Char Aznable de service, une petite touche d’humour qui ne fait jamais de mal, et surtout une authentique composante épique/nekketsu, avec des personnages prêts à aller au bout d’eux-mêmes. Même si ce n’est jamais qu’un jeu, nous les sentons passionnés et leur enthousiasme s’avère communicatif.
Si le public néophyte s’attachera moins à la provenance des différentes unités, il pourra tout-de-même noter une véritable diversité dans les designs – avec quelques modèles qui leur paraitront farfelus – et les capacités. Je mentirai en prétendant que la série ne présente pas un intérêt supplémentaire lorsque nous saisissons les nombreux clins d’œil, mais il s’agit avant tout d’hommage aux séries, et de toute façon, il faut vraiment être un monomaniaque pour tout repérer ; cela reste donc parfaitement accessible. Et heureusement, car si ce produit ne se destinait qu’aux fans, ses créateurs n’auraient sans doute pas pu s’éloigner autant de ce qui fait habituellement les séries Gundam (hormis G Gundam) ; pour beaucoup, il ne s’agit pas d’un « vrai » Gundam. Et même temps, encore une fois, quelle importance ? Cet anime est foutrement réussi : les combats sont dantesques, il y a de l’émotion, des personnages réussis, et surtout, c’est extraordinairement divertissant. C’est sans aucun doute l’anime le plus abouti et passionnant que j’ai pu voir depuis longtemps, ce qui le place bien au-dessus de nombre de séries estampillées Gundam. Après, je ne voudrais pas non plus que la franchise abandonne définitivement son sérieux, mais il s’agit d’une excellente récréation et je n’ai certainement pas boudé mon plaisir.
Si le mot Gundam dans le titre vous rebute, donnez quand même sa chance à cet anime. Il s’agit avant tout d’un shônen sportif d’une efficacité rare, qui déborde de passion à un point à peine concevable. C’est un régal à nul autre pareil, formidablement bien animé, avec des affrontements grandioses et des héros attachants. Sunrise tire le meilleur de son concept de départ. C’est tout simplement beau.