A l’époque de la sortie de ces deux OAV destinés au marché domestique, l’excellent manga dystopique de Yukito Kishiro ne comptait alors que 4 volumes édités. Il en adapte les deux premiers.
Dans le premier épisode, le docteur Ido découvre ce qu’il reste d’un corps féminisé de cyborg, qu’il va reconstruire et baptiser Gally, puisqu’elle a perdu la mémoire. En découvrant que son nouveau père est aussi un chasseur de primes, l’ange de la mort se découvre un certain talent pour le combat, et décide d’en devenir une elle aussi.
Dans le deuxème épisode, Gally accepte sa nature guerrière et appréhende mieux les contacts humains auprès de Yugo. Celui-ci désire quitter la décharge où ils résident, mais pour cela emprunte des voies peu morales. Gally va devoir choisir entre ses sentiments et ses responsabilités.
Contrairement à de nombreuses autres licences japonaises, Gunnm s’est toujours fait assez discrète dans ses produits dérivés. Ces deux OAV sont les uniques adaptations animées, en oubliant l’adaptation américaine et ses effets spéciaux à foison. Yukito Kishiro, le créateur de la série, ne s’est pas vraiment intéressé à cette adaptation de 1993, et cela se ressent, ces épisodes semblent picorer ce qui leur plaît.
La série originale est un classique du genre, à la fois sombre par le futur qu’elle dépeint, divisé en classes sociales, assez violent, et aussi plus léger, avec le caractère plus enjoué de Gally et de quelques autres personnages qui l’entoure. Sans renier son caractère musclé, le manga aborde aussi différentes questions, telles que la ségrégation sociale ou l’identité.
Cette adaptation peine à en proposer un aperçu de la richesse. En adaptant les deux premiers tomes, elle ne pouvait pas connaître les développements qu’allaient connaître l’univers de la série, mais elle aurait pu mieux proposer le sel et la curiosité de cet univers désenchanté. Les intrigues sont assez fidèles, malgré quelques modifications. L’ajout d’un personnage féminin affilié à Ido apporte quelque chose. Mais à d’autres moments, des figures comme Gally semblent trop vite esquissées, écartant ses questionnements moraux ou identitaires.
C’est d’autant plus flagrant dans le premier épisode, Rusty Angel, qui est une introduction poussive, où tout est survolé, l’univers de la série étant présenté rapidement, sans amorcer le moindre enjeu. Heureusement, Tears Sign retrouve l’atmosphère de l’oeuvre originale, où la légèreté cache mal la dureté de ce monde et de ses règles. Yugo est un personnage tragique, sacrifié par les rêves et les mensonges de ce milieu. Ses choix malheureux sont compréhensibles, mais son sort reste glaçant.
L’adaptation technique est convenable, alternant certains passages animés plus faiblards avec d’autres plus impressionnants. Si l’adaptation est moins violente, quelques éruptions de chair et de sang sont à signaler, traités avec une grande attention pour souligner les passages forts des séquences d’action. Quelques problèmes de design sont toutefois à signaler, le visage de Gally étant à mon sens mieux réalisé dans le second épisode. Si l’OAV peine à retranscrire l’atmosphère de la décharge, un peu trop propre, elle reste fidèle au manga en faisant de Zalem une ville suspendue au loin dont le mystère demeure et intrigue.
C’est une adaptation appliquée, qui ne cherche pas à trahir les événements des tomes de base, mais qui a du mal à en faire comprendre tout leur intérêt. C’est évident dans le premier, tellement fade qu’on pourrait croire que Gunnm n’est qu’un manga comme les autres. Heureusement, le deuxième vient contredire cette opinion en en présentant mieux les tenants et les aboutissants, et notamment toutes les tragédies qui s’y déroulent. C’est un duo d’OAV convenable, ce qui est tout de même un peu décevant à la lumière de la qualité de la série originale.