Halt and Catch Fire a été présentée comme étant beaucoup de choses. Mad Men des 80's raté pour la première saison, semi-reboot pour la seconde. Mackenzie Davis a même parlé au début de "sex-charged spy story" ==> Ta gueule, merci.
HCF n'est rien de tout ça. C'est l'histoire du parcours de trois personnes, qui au lieu de rester figé pendant plusieurs saisons dans un seul format - ce qui serait bien pratique et fait le bonheur de beaucoup de séries - évolue, change, se déplace.
On ne reste pas dans la même entreprise, avec les mêmes enjeux, dans la même région, encore et toujours.
Par exemple, le Dr House a toujours bossé dans le même hosto, avec le même genre de soucis.
Là c'est autre chose. Pour garder les personnages dans les mêmes intrigues, certaines situations téléphonées ont par contre été nécessaires.
J'ai trouvé la saison 2 beaucoup plus humaine que la première : le monde froid de l'entreprise est délaissé, les personnages sont moins capillotractés. Cameron par exemple, marginale légèrement lubrique et complètement à l'ouest dans la saison 1, est bien plus équilibrée maintenant.
Pour continuer sur les personnages, Bosworth est lui aussi sympathique ; je sais pas si c'est l'acteur ou le personnage qui surjoue mais j'aime bien ce vieux Texan.
Venons-en à Lee Pace, magnétique dans son rôle de Joe MacMillan. Personnage extrêmement complexe qui résume dans son traitement toutes les qualités et les défauts d'HCF à ce niveau : on est attachés à ces personnages campés par des acteurs de talent, sans vraiment les connaître. Ils ne sont d'ailleurs pas réels, leur comportement n'a rien de réaliste, de même que la série en général.
Joe MacMillan donc, dont la relation de haine et d'amour avec Cameron Howe illustre le propos de la série :
Joe est froid et calculateur, il a une vision de ce que pourrait être l'informatique dans l'avenir mais fait passer l'esprit d'entreprise avant la créativité, ce qui lui vaut d'être taxé de manipulateur insensible ; ce n'est que partiellement vrai.
Cameron ensuite, force de créativité brute, qui n'a que faire de la compétitivité d'une entreprise, souhaite juste créer, créer, créer, laisser libre cours à sa fantaisie ; elle ne se rend pas compte que cette attitude n'est pas viable et que pour continuer à créer, il faut une infrastructure opérationnelle.
Deux opposés qui s 'attirent et se repoussent, donc. On dirait le Rouge et le Bleu de Magic, tiens.
On a quand même droit à une scène hallucinante de connerie où Cameron finit par le rejeter définitivement alors qu'il a fait la seule chose à faire. C'est ce genre de facilités exagérées qui ne vont pas dans cette série.
Les autres personnages sont sympas sans plus, les acteurs les rendent attachants mais ça s'arrête là.
On a donc une série qui nous parle des relations humaines, et aussi, surtout, de l'éternel combat de l'entreprise et de la créativité. L'un ne peut vivre sans l'autre, et chacun a le pouvoir de détruire l'autre, sans forcément le vouloir.
Je continue à regarder HCF pour découvrir quelques morceaux de musique, voir comment tout ça finira. Tout semble forcé dans cette série, et pourtant j'y suis attaché.
P.S. : Ah oui, le générique est génial (Elastic).
Et j'ai reconnu Scoot Mcnairy seulement à la toute fin de la saison 1, ça m'a fait tout drôle.
Et Mackenzie Davis aurait bien besoin d'un sandwich.
Ah, et Joe et Cameron devraient jouer le couple Underwood (HoC) dans un flashback un jour, pour le fun.