Saison 1:
Décidément, il faut je fasse gaffe à ne pas me faire avoir par le tapage médiatique ! À mon âge… croire à tout ce qu'on raconte à la télé… est-ce bien raisonnable ?
J'y ai cru : une histoire de tueur en série qui s'associe un profiler et un Mads Mikkelsen en Hannibal Lecter, voilà deux raisons scintillantes devant mes yeux avides.
Et au bout de quatre ou cinq épisodes, un doute bien gros, bien bedonnant vient me tirer la chemise de plus en plus insistant, répétant : « hé, t'es sûr, tu te serais pas fourvoyé, garçon ? » Au huitième épisode je crois, j'ai eu un fol espoir, celui d'avoir enfin une histoire qui démarre et puis non, la suite m'a replongé dans un profond ennui. Sur le fond comme sur la forme, cette saison un d'Hannibal a été un lent parcours d'agonie, celle de mes illusions. Et je promets que je ne toucherai pas à la saison suivante.
D'abord, j'ai été dérangé par les dialogues, notamment les élucubrations poético-trouducutales du personnage Will Graham. Souvent, les personnages dans leur ensemble s'expriment avec des métaphores particulièrement oiseuses qui finissent par rendre la lecture fastidieuse. À maintes reprises, je suis sorti du récit à cause de ça. C'est tellement alambiqué comme langage qu'il apparaît comme hors de propos, objectant d'autant plus au récit toute apparence de crédibilité.
Difficile donc d'être rattaché au réel par les dialogues, mais comme la série passe son temps à patauger dans les visions oniriques de Will Graham, lequel perd pied au fur et à mesure de la saison, la lecture de la série devient encore plus éreintante et ce, très rapidement.
Will Graham est un personnage antipathique, chouineur sur pattes. Hugh Dancy qui l'interprète, n'est sans doute pas un mauvais acteur, même si parfois il n'aide pas à le rendre plus aérien. Il n'en demeure pas moins que le devenir de Will Graham me laisse presque insensible.
Autre problème : celui d'Hannibal Lecter est tout aussi peu défrisant. Tout le long de la saison, les personnages changent de posture les uns à l'égard des autres. On ne sait jamais sur quel pied danser avec eux. La plupart du temps ce genre d'ambiguïté me plaît assez, pouvant laisser développer une part de mystère. Cependant ici, cela aboutit à la pénible impression qu'un manque de structure dans le récit persiste à régner contre les personnages. Je m'y perds et m'ennuie. J'essaie de m'attacher mais rien n'y fait.
On passe 13 épisodes à voir tout ce petit monde du FBI s'embourber dans la manipulation de Lecter, c'est long et pénible pour moi. Il n'en sort que frustration, sans doute parce que je suis trop arc-bouté sur un schéma de polar traditionnel où la solution est trouvée à la fin. Ici le héros est Hannibal Lecter et le spectacle du chat s'amusant avec toute ces petites souris devient vite lassant. On aimerait qu'un lien se tisse entre lui et d'autres personnages mais, bien entendu ce lien demeure illusoire : Lecter reste un psychopathe, en dehors du monde. Bref ce n'est pas ma came.
En dehors de son histoire somme toute soporifique, la série pèche également par son esthétisme, sa mise en forme très artificielle, elle aussi très pompeuse, pleine d'effets visuels, de jeux de caméra, de filtres, d'effets numériques qui plairont certainement mais dont on abuse un peu trop à mon goût.
L'enrobage sonore ne m'épargne guère non plus : la musique est quasi continue sur certains épisodes. Pour vous sortir d'une histoire, y a pas mieux. De plus, elle manque cruellement d'originalité. Blanche, la musique s'inscrit dans un style archiconnu. Sempiternelle litanie par laquelle il faut passer pour qu'un suspense s'impose sans arrêt ? En ce qui me concerne, elle contribue largement à mon irritation générale.
Une série grise qui entend exister par l'accumulation de faits sanguinolents et bidochards et qui m'a paru désespérément creuse.