Le bouillon de poule

Sans Spoil :

Will Graham : "Ca sent bon, qu'est ce que c'est ?"

Hannibal Lecter : "Poules soies dans leurs bouillons. Un poulet aux os noirs, très prisé en chine pour ses vertues medicinales depuis le 7ème siecle. Baies de goji, ginseng, gingembre, dattes rouges et anis étoilé."

Will Graham : "Vous m'avez fait un bouillon de poule ?!"

Hannibal Lecter : "Oui"

Cette réplique résume de manière admirable les fondamentaux de la série.

N'y allons pas par quatre chemins, cet Hannibal n'est ni plus ni moins qu'un savant mélange de séries policières comme Hawaï Five 0 ou encore The Mentalist, que l'on aurait voulu habiller d'une certaine imagerie pour le faire ressembler à autre chose.

Cette autre chose c'est une trilogie que l'on connaît tous très bien, dans laquelle un acteur brillantissime arrive à nous faire croire qu'il est LE cannibale, nous faire ressentir dans chaque scène le caractère dangereux de sa folie carnassière, bref nous montrer qu'il est au sommet de la chaine alimentaire en nous tenant par les tripes.

Dans notre bouillon de poule Royco les saveurs sont hélas très différentes. En effet, il faut se rendre à l'évidence le concept du personnage d'Hannibal Lecter fonctionne au cinéma, selon moi, pour une seule et simple raison : Hannibal est bavard, ses dialogues sont aux petits oignons, ses phrases sont ciselées, écrites pour faire transparaître son inteligence, son appétit, sa folie, son bon goût. Personnellement je me suis longtemps délecté de son verbe, de la capacité de ses phrases à mettre mal à l'aise et surtout à nous faire sentir le danger qui émane non pas de ses crocs mais de son cerveau. Hannibal Lecter est le prédateur ultime et Hopkins savait comment lui donner vie.

Aujourd'hui qu'avons nous dans notre bouillon de poule ? Tiens d'ailleurs où est Hannibal ? C'est le gars là au premier plan ? Ah non pas du tout lui c'est Will Graham, une espèce de "Mentalist" un peu attardé, vous comprenez, il a des problèmes psychologique ce garçon, ce qui l'oblige à parler avec le débit d'un petit suisse et se trainer un ribambelle de tics, de tocs, de clébard et d'angoisses existentielles. Lui son truc c'est un peu comme Dexter : les scènes de crimes sanguinolantes derrière la rubalise jaune, quand il en voit une il devine ce qui s'est passé, mais le problème c'est qu'à force ça le rend rend fou ... et nous on s'en fout !

Où est Hannibal dans ce cas ? C'est le gars toujours au second plan, le gars froid, droit comme un i, qui à tellement jouer la carte du tueur au sang froid a perdu tout son charisme, tout son magnétisme, pire a perdu sa langue ! Et pour moi un Hannibal qui n'est pas bavard ce n'est pas un Hannibal. Dans la recette actuelle Hannibal le Cannibal est remplacé par Roger le Cuisinier, le gentil psychiatre qui aime tant faire la popote pour ses invités et qui est attentionné comme un Hobbit envers son ami Will Graham.

Les enquètes s'enchainent et se résolvent à la manière d'un Scoobiddoo dépressif et fiévreux et l'on regrette vraiment que le personnage (au fond à gauche) ne soit pas sur le devant de la scène, affable et surtout complétement barré, d'autant qu'on le sait l'acteur choisi a du talent à revendre. On regarde donc les péripéties de notre Mentalist en herbe, campé par un acteur qui donne ses lettres de noblesses au "surjeux", en espèrant en vain que quelque chose va se passer... insipide !
La série aurait gagné à donner d'autres noms à ses personnages et lui donner également un titre moins prétentieux, car sans attentes particulière la série s'apprecierait probablement plus. Ah et j'oubliais ce magnifique générique :)))

En attendant la saison 2, si j'en ai le courage.