Hors d'œuvre
Saison 1 On l'a attendu, on était pas convaincu (surtout après l'échec grinçant de Bates Motel) mais on l'a vu et... Mon Dieu, quel chef d'oeuvre. Hannibal c'est plus qu'une série sur l'un des serial...
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le 21 juin 2013
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Hannibal
Lorsque l'on a vu, vu et revu les films sur Lecter à en user ses DVD et que l'on s'est délecté comme je l'ai fais des romans de Thomas Harris, on se retrouve face à un cruel dilemme lorsque la série Hannibal s'offre à nous.
Option 1/ l'ignorer. Purement et simplement. Les livres étaient bons, c'était déjà très bien. Les adaptations (dragon rouge & co. mais aussi le Sixième Sens) était réussies, belle récompense pour des paris risqués. Alors pourquoi tenter le diable en pariant sur un nouveau format, une nouvelle adaptation ? Hannibal Lecter a déjà échoué. Trop risqué.
Option 2/ tenter le coup. Parce que merde, Hannibal interprété par Mads Mikkelsen, ca ne peut pas être foncièrement mauvais ! Et puis le personnage de Lecter est tellement magique qu'il faut bien du courage pour résister à son chant de sirène. Ayons donc le goût du risque !
J'admet avoir été pendant trois ans dans la première catégorie. Traitez moi de lâche si vous le voulez, je craignais trop la déception.
Et puis la charmante Gillian Anderson a pointé le bout de son charmant petit nez à l'annonce de la troisième saison. Et là encore j'admet ma faiblesse, je suis capable de me taper un bon nombre de saisons si l'on me dit que dans tel série va jouer tel acteur que je vénère.
À vrai dire, avant même de savoir si l'on va regarder la série ou non, la première question que l'on se pose est de savoir comment les scénaristes vont pouvoir se démerder pour rendre la chose intéressante.
Dans Dragon Rouge, on le sait tous, Will Graham est aidé par le Docteur Lecter lors d'une enquête sur un tueur en série, qui s'avère être ce bon Docteur lui même. Libre à vous de vérifier par vous même, mais dans les films ces passages durent cinq minutes à tout casser et ne dépassent pas les trente pages dans le livre. Alors bon, une mini-série ou un film pour développer cette partie de l'histoire, je veux bien, mais trois saisons de treize épisodes ?
En réalité, Hannibal n'a pas grand chose à voir avec les livres de Harris et ses adaptations. La série s'inspire de l'univers créé par l'auteur (dans les 4 livres, consolations pour les fans déçus du 4ème volet) et réinvente totalement l'histoire en gardant ce qui l'intéressait (le psychiatre tueur au bon goût, le profiler à l'imagination et à l'empathie très développées, son supérieur qui le pousse à enquêter malgré les dangers et autres détails) et en faisant fi de ce qui ne l'intéressait pas.
Bien que ce ne soit pas chose facile, il faut donc faire abstraction des romans et des films pour savourer la série. Les rappels aux oeuvres précédentes sont nombreux, subtils ou non, mais considérer Hannibal comme une oeuvre originale et oublier le reste est la condition pour l'apprécier pleinement selon moi.
Avant de passer aux évolutions de la série, parlons de ce qui ne change pas (et fait pour beaucoup dans le succès de la série).
Les acteurs principaux tout d'abord, sont absolument excellents. Hugh Dancy peut avoir un côté agaçant (j'imagine), mais il n'en joue pas moins un Will Graham à la fois fort et fragile, luttant perpétuellement pour tenir les rênes de son cerveau, aidé et manipulé par Lecter. Passant du fragile professeur au manipulateur, il se glisse dans la peau du personnage et nous fait vibrer avec.
Mads Mikkelsen est quant à lui plus qu'à la hauteur. Passer après Hopkins (c'est souvent lui qui apparaît lorsqu'on évoque l'idée de Lecter) n'était pas aisé mais il fait preuve de retenu, de classe et de beaucoup de talent dans ce rôle, à tel point qu'il n'a rien a envier à son collègue. Notons au passage son léger accent (irrésistible, bien que je ne sois pas très objective pour le coup) renvoyant a ses origines et lui donnant un petit quelque chose en plus (à l'acteur comme au personnage).
Les autres acteurs sont également à la hauteur et même si leur rôle se prêtent moins à l'admiration, ils sont également convaincant chacun dans leurs baskets et contribue à la réussite de la série : soigner le principal, c'est bien, soigner aussi les détails, c'est mieux.
L'esthétique de la série est irréprochable ou presque. Si l'on veut chipoter, on relèvera que les images tirés des microscopes sont bâclées (un peu comme des bactéries de dessin animé), mais il s'agit vraiment de chipotage (en tout peut être une minute trente sur toute la série). L'univers onirique et fantasmagorique de Will est absolument somptueux, les images superbes et la mise en scène impeccable. La musique quant à elle est magique et le tout est un agréable objet pour les yeux et les oreilles. Mais après tout, lorsque le personnage principal d'une série est Hannibal Lecter, difficile de se contenter de peu : il faut une esthétique d'un autre niveau et d'un goût supérieur à la moyenne.
Mais procédons maintenant par étapes, ou plutôt par saison, car toutes ne se valent pas.
Saison 1: 6/10
La première saison est, il faut être honnête, assez moyenne.
En quoi ?
Will Graham, petit génie aux habitudes autistiques (causées par sa trop grande imagination et sa trop grande empathie et non par un quelconque autisme), reprend du service au FBI afin d'enquêter sur un tueur en série. Afin de s'assurer de sa bonne santé mentale, le bureau le met sous l'analyse de Lecter, psychiatre proposé par une collègue.
Les grandes lignes sont tracées, nous auront des enquêtes de police avec profilage et traque des méchants.
Malheureusement -ou non pour la suite- les enquêtes du FBI sont bien souvent bâclées et l'on se demande rapidement si elles ne sont pas une excuse pour nourrir nos yeux d'images gores et sanguinolentes. À dire vrai, j'en fus convaincue en suivant l'épisode où les agents découvrent sur une plage un Totem gigantesque fait de corps humains. Quand on sait que Lance Henriksen interprétait le tueur, difficile de ne pas se sentir floué en voyant à quel point l'enquête passe au quinzième degré et semble se résoudre par magie plus qu'autre chose.
De plus, une chose choque dès le début : les coïncidences macabres. Qui rentre dans la chambre d'une victime juste après que le corps y ait été déposé (alors que dans la journée les parents de la disparue s'y sont rendu hein !), Will Graham. Qui découvre par hasard que l'un des cadavres en décomposition servant de champignonnière est en fait encore en vie ? Will Graham. Lorsque ce genre de chose se produit une fois, ça passe, mais lorsque l'on en use trop souvent, cela devient simplement lassant et ôte toute crédibilité à la série.
Cependant, j'ai mis 6/10 à cette première saison et la chose doit bien s'expliquer.
Car si les enquêtes sur les meurtres ne sont pas vraiment creusés, si certains détails sont exagérés et ne servent pas la série, une chose est sûre : elle a du potentiel.
Car on se rend rapidement compte que l'intérêt de Hannibal n'est pas dans les enquêtes. Il ne s'agit pas là d'une énième série policière, que ce soit à la The wire in the Blood (pour les personnages) ou à la Criminal Mind (pour le côté américain).
L'intérêt de Hannibal réside dans les relations entre les personnages de manière générale, et entre Will et Hannibal en particulier. Les luttes d'influence, la manipulation, l'aide et la destruction, là est le sujet de la série. Hannibal nous offre une vue sur Hannibal Lecter. Sur Lecter le tueur, Lecter le psychiatre talentueux, Lecter l'homme de bon goût, Lecter le psychopathe.
Will Graham reste certes un personnage principal, mais il est là pour nous permettre de découvrir Hannibal Lecter sous ses différentes coutures, et c'est ce que l'on sent dans cette première saison.
Saison 2 : 8/10
Avec cette deuxième saison, la série révèle son potentiel et nous dévoile ses cartes. Il est question de psyché et non d'enquêtes policières, tenez vous le pour dit.
L'état quelque peu border line de Graham est très bien exploité et les évolutions dans son personnage servent à merveille celui d'Hannibal. Au moment où l'on pourrait commencer à douter de la série, elle rebondit admirablement et attendre l'épisode suivant devient de plus en plus difficile.
Les choses dérapent, Will se perd de plus en plus et Lecter, grand curieux dans l'âme, manipule ses jouets juste ce qu'il faut pour que l'on en vienne à se demander qui dépasse réellement les bornes et qui contrôle qui.
Une saison en deux parties dont la première est très bonne et la seconde tout simplement excellente.
Saison 3: 7/10
Un aspect intéressant de la série est la structure de ses saisons. Chacune ne tend pas systématiquement vers un but unique à atteindre et les orientations changent afin de laisser au spectateur le plaisir de la surprise. Sachant que le ou les buts fixés peuvent être atteints n'importe quand, le suspens reste entier alors que souvent les séries pêchent de ce côté là : allons, untel ne peut pas mourrir/se faire arrêter/tuer/etc. Car sinon la série prendrait fin ! Ici, bien sûr, on sait qu'aucun des protagonistes majeurs ne peut mourrir avant la toute fin... Mais c'est tout. (alors que soyons franc, dans la plupart des séries, quand le gentil est sur le point d'arrêter le méchant dès le début, on sait parfaitement qu'il ne peut pas le faire parce que cela doit arriver à la fin...).
Deux regrets néanmoins se sont emparés de moi à la vue de cette ultime saison. D'une part, le personnage de Bedelia semble davantage une excuse pour faire apparaître Gillian Anderson et donner du lustre à Hannibal qu'à autre chose. Certes, il n'est jamais désagréable de retrouver cette actrice et ses rapports avec Hannibal ne sont pas inintéressants, mais le spectateur pouvait s'attendre à bien plus.
Enfin, le dernier épisode pêche un peu par sa grandiloquence. Attention, la fin est très bien choisie et je n'ai pas grand chose à y redire. Mais même en considérant le fait que les personnages ont tendance à survivre à des blessures qui nous tueraient déjà dix fois, même en considérant le soin apporté à l'esthétisme et au symbolique, on ne peut s'empêcher de dire que c'est un chouilla too much... Enfin à mon goût.
Une série qui se regarde donc avec grand plaisir et dont le niveau permet de nous faire oublier ses quelques petits défauts.
Les acteurs géniaux nous faisant (presque) oublier ceux des adaptations précédentes font de Hannibal une oeuvre originale qui ne souffre aucunement des rappels (musiques, citations etc.) aux autres films.
Les âmes les plus sensibles devront probablement s'abstenir du fait des tableaux sanguinolents et parfois franchement écoeurant de certaines scènes, mais les fans des livres, des acteurs, des films ou simplement des séries "thriller-psycho" devraient y trouver leur compte.
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Créée
le 29 mai 2016
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