L'avantage de Netflix, c'est que tu as toujours quelque chose à regarder. Tu termines une série et hop, on t'en propose une nouvelle.
Entre deux épisodes de The Good Place nous avons découvert Haters Back Off.
Au moment de démarrer le pilote nous ne connaissions rien de l'histoire derrière la série, à savoir qu'elle est une extension de l'univers créé par la Youtubeuse Colleen Ballinger, qui sévit sur la plateforme de vidéos depuis maintenant 10 ans. Celle-ci a inventé le personnage de Miranda Sings, star unanimement reconnue par elle-même, chanteuse médiocre, actrice affligeante, magicienne sans mana mais à l'égo surdimensionne et à l'intellect d'une enfant gâtée.
Mais quand tu ne connais pas le personnage de Miranda Sings (comme nous au début)...les premières minutes sont désarmantes. Tu te demandes d'où sort ce personnage, ce qui se passe dans ton écran. Mais rapidement tu adhères au concept, à cette galerie de personnages anormaux et aux situations absurdes qu'ils provoquent. Bien sur, à la fin du premier épisode nous sommes allé faire des recherches pour savoir si Miranda Sings existait réellement sur Youtube, et c'était le cas! Mais au final, même sans cela je pense que l'on peut facilement accrocher à cette série. Certes on rate quelques easters eggs mais l'écriture a été faite de sorte à ce qu'elle soit accessible à toutes et tous.
Après avoir regardé les deux saisons de la série, je ne peux qu'attendre une troisième itération des aventures de Miranda et de sa famille. Décalé, corrosif, cruel, pathétique, des fois dramatique, le ton de la série évolue au gré des situations, des épisodes pour former un ensemble attachant et souvent poignant, et se terminant sur un cliffhanger meta au possible.
Je pense qu'il n'est pas évident d'utiliser un format limité comme des petites vidéos Youtube pour créer un ensemble plus grand, mais Haters Back Off le fait à merveille et nous fait parcourir avec intelligence un mal qui s'est renforcé avec l'arrivée des nouveaux médias, la course à la célébrité.
Il est tout autant facile de détester les personnes que de les aimer. A la manière d'un Eric Cartman dans South Park, on attend impatiemment les moments où Miranda se prendra les pieds dans le tapis, tellement son comportement nous horripile. Mais à la différence du petit jovial épanoui, Miranda sait se montrer touchante, comprend des fois qu'elle blesse les gens et essaie d'y remédier, et surtout semble enfermer dans son monde à elle. On sait que ses tentatives de devenir une star (en suivant un plan en cinq points) vont se conclure par des échecs, mais on se rend compte que plus les risques pris sont importants, plus la scène est grande, et plus est cruelle la chute.
Comment ne pas aussi parler de l'oncle Jim, personnage aussi relativement détestable car incroyablement égoïste, enfonçant sa nièce dans sa folie pour son propre intérêt naïf mais pour qui on garde un semblant d'affection car ayant bon fond malgré tout et semble surnager dans ses lubies et ses propres démons.
Personnellement j'ai une affection particulière pour Emily, la sœur de Miranda, personnage le plus "normal" de la série (la mère est totalement effacée, se fait marcher sur les pieds par sa fille, et s'invente une fausse maladie pour quémander un peu d'attention), et dont la souffrance est de plus en plus palpable au fur et à mesure que la série avance, subissant les dommages collatéraux de sa sœur et se faisant finalement briser par son dernier espoir d'obtenir une reconnaissance totalement différente de celle de Miranda : simplement exister et sortir de l'ombre d'une sœur envahissante.
Je ne vais pas en dire plus, je vous laisse découvrir, mais testez Haters Back Off. Je sais que pour un public français ce n'est pas la série la plus évidente à appréhender, mais même sans connaitre la genèse derrière Miranda, nous avons accroché car c'était bien écrit, bien réalisé et non dénué de sens et de sentiments saupoudrés par ce qu'il faut d'acidité.
A consommer sans modération.