C'est la distribution qui m'a attirée, de prime abord. Tim "Les évadés" Robins et Holly "La leçon de piano" Hunter, dans une série à tendance fantastiquisante, ça pouvait intriguer. Première impression positive : une plongée dans une famille "arc-en-ciel" américaine, d'anciens babas cool ayant adopté des enfants de toutes les couleurs pour expérimenter concrètement leur idéal de partage et de générosité sans frontières. Lumières flatteuses, petite touche discrète de surnaturel, problèmes existentiels pas dénués d'intérêt, malgré quelques longueurs sur la fin, je ne peux pas dire que je me sois ennuyée. Le père est philosophe mais se paie une jolie crise de la soixantaine, la mère a bouffé du lion et ne se pose pas souvent pour s'interroger sur le sens de la vie, il y avait de quoi instaurer une dynamique intéressante. Les enfants ont tous un petit chantier psychologique sur le feu, et hop, ça tourne comme une horloge. Dénonciation de l'intolérance d'une société américaine tiraillée entre un conservatisme bas du front et une liberté parfois encombrante. Couplet homophile de bon ton. Réflexion sur l'adoption. Plaidoyer pour l'acceptation des musulmans et de leurs drôles de coutumes. Dithyrambe incontournable de la technologie (tout le monde pianote à longueur d'épisode). Coup de canif en passant aux milliardaires récents qui pensent pouvoir modeler le monde à leur image cool/friquée/branchouille. De quoi s'occuper la tête. Et un final qui me laisse complètement songeuse et dont je ne peux pas dire grand-chose sous peine d'éventer le peu de suspense que les scénaristes sont parvenus à instaurer. Mais en fait, ça n'était visiblement pas la spectaculaire scène finale leur propos, parce qu'elle tombe comme un cheveu sur la soupe et interrompt toutes les intrigues en cours. J'imagine donc qu'une deuxième saison sera indispensable tout en sachant déjà qu'elle ne mènera probablement nulle part non plus; à la fois, ça n'est pas là l'essentiel dans ce genre de bouillon de culture destiné à faire fermenter les caractères pour voir ce que font les gens quand on les pousse dans leurs derniers retranchements.