En tant que pure comédie, l'anime vaut un 7. C'est drôle, les blagues ne sont pas prévisibles, bref, une bonne comédie.
Mais cet anime a quelque chose de plus. C'est qu'il se détache des autres anime sur plusieurs points. Ce n'est pas cliché. Ce n'est pas une copie carbone d'autres animes qu'on a vu 15000 fois qui se contentent de juste remplir un cahier des charges et respecter tous les codes habituels.
Et juste pour ça, ça mérite un 8.
Le rythme des blagues est différent. Le ton est beaucoup plus froid que les habituelles surréactions des animes comiques. Le chara-design, sans être exceptionnel (au premier sens du terme) comme dans un Kaiji, n'est pas issu d'un générateur de personnages random comme un Blend S.
L'animation a des petits moments de grâce comme dans les toutes premières secondes qui offrent un des combats corps-à-corps les mieux animes que j'ai vu (mais qui dure 20 secondes malheureusement).
Mais ce qui dénote, c'est surtout les thèmes abordés. Parce que cet anime traite de sujets qui sont tabous de manière assez décomplexée. A part Tokyo Godfathers, je n'ai jamais vu un seul produit de l'animation japonaise traiter des SDF, et surtout avec ce ton. Même si l'anime est humoristique, il traite ses sujets avec un très grand respect et une certaine justice. L'anime traite, évidemment, des Yakuza, mais aussi de l'atmosphère toxique en entreprise, de la malhonnêteté journalistique etc... Il faut se rendre compte de la force de ce genre de tabous au Japon pour bien comprendre à quel point cet anime sans prétention est couillu dans son propos.
Petite anecdote "J'raconte ma vie" pour illustrer, en spoiler au cas où vous vous en foutez:
Pendant mon voyage au Japon, à Matsuyama, j'avais rencontré un américain qui vivait au Japon pendant que je résidais à l'auberge Guesthouse miso soup (excellente auberge où j'ai pu jouer à Mario sur un simulateur NES avec les gérants en buvant de la liqueur artisanale qui va bien, oui c'est de la pub mais ils méritent) qui m'a raconté qu'il ne fallait jamais dire le mot "Yakuza" à l'oral. Il l'avait dit une fois dans la rue bien fort pendant une conversation. A ce moment-là, tous le monde autour de lui, y compris des inconnus, se sont soudainement arrêté de parler pour le regarder avec de grands yeux. Il y avait même une grand-mère bossue qui ne pouvait normalement que regarder le sol qui s'était "débossisée" pour pouvoir le regarder avec des grands yeux choqués. Je ne peux malheureusement pas raconter cette histoire aussi bien que lui à l'écrit, et je me doute que c'était un peu exagéré pour le bien de l'anecdote, mais ça en dit long sur l'importance des tabous que j'évoquais.
En bref, si vous avez une certaine expérience des animes et que vous voulez un truc qui passe bien, mais qui ne soit pas la repompe d'une repompe d'une repompe, avec en bonus un sous-texte pertinent, vous êtes au bon endroit.