Hippocrate porte le même nom que le film du même réalisateur, Thomas Lilti. Mais là où le film essayait de faire rentrer toute ses thématiques un peu à la va vite dans les 1h40 qui lui était imparti, la série se déploie avec intensité sur 8 épisodes par saison (2 pur 'instant, une 3e serait en préparation).
On va suivre les débuts en stage de médecine interne d'Hugo et Alyson, 2 internes en début de cursus, rejoint par Chloé interne en réa qui a quasiment fini son internat et qui veut finir par un stage moins speed que la réa justement. Mais un virus exotique va changer la donne: les médecins titulaires sont placés en quarantaine, laissant les clés du service aux internes, avec l'appui d'Arben un médecin étranger jouant le rôle d'interne ("faisant fonction d'interne") habituellement en médecine légale qui vient prêter main forte dans le service. (Pour la 2e saison, l'élément perturbateurs initial est une énorme fuite d'eau obligeant les urgences à fermer et à se relocaliser dans le service de médecin interne).
On retrouve les thématiques que l'on sentait dans le film Hippocrate, mais cette fois bien mieux déployés et exploités: le manque de moyen hospitalier, le manque d'expériences des internes et l'encadrement parfois inexistant, les relations entre médecins et entre internes, l'endogamie du milieu médicale avec les relations parents/enfants - senior/interne, le rôle des médecins étrangers pour faire tenir notre système en les exploitant, l'humour carabin, etc.
On sent l'envie d'un certain réalisme de la part de la série. Les situations médicales sont crédibles, les dialogues aussi, les prises en charges cohérentes. On ressent aussi cette envie de réalisme en faisant jouer un personnage trans par un acteur trans. On voit que Thomas Lilti a trainé ses guêtres dans les internat et qu'il garde une forme de tendresse pour l'ambiance qui y règne.
La plupart des acteurs sont excellents dans leur rôle (quelques ratés sur des personnages mineurs, notamment certains patients). Les défauts des uns sont utilisé pour alimenter la psyché de leur personnage, la qualité des autres pour compenser certaines faiblesses parfois. Les acteurs ont été très bien dirigé (c'est difficile de bien faire semblant d'être médecin sans que ce soit ridicules!). Mention spéciale à Bouli Lanners que je ne connaissais pas et qui livre une prestation incroyable dans la 2e saison.
Hippocrate m'a fait penser par certains aspect à LA références Urgences (ER) par sa capacité à nous plonger de manière réaliste dans un environnement hospitalier. Les deux séries nous permettent de comprendre la psyché des médecins, ce qui guident leurs choix, leurs doutes, leurs relations. La dimension sociale est sans doute plus forte dans hippocrate, sans doute parce que notre système de santé s'y prête plus.
Quelques défauts sur la réalisation, notamment les séquences entre Arben et Chloé qui s'étirent parfois un peu trop (pour nous faire ressentir leur malaise ?) ou encore des situations qui se reproduisent un peu trop. Et comme souvent dans les séries médicales, les patients sont souvent un prétexte et n'ont que peu de place pour s'exprimer (sauf quand cela permet d'avancer l'intrigue des médecins), à relativiser par rapport à d'autres séries médicales où on ne les voit presque pas ou alors sur un seul épisode;
Hippocrate est une série réussi, tant sur la forme (malgré quelques erreurs de réalisation et quelques casting raté notamment sur les second rôles) que la fond (enfin une série médicale réaliste où on ne choque pas une asystolie! ; et on sent la connaissance de ce milieu par le réalisateur).
Que vous ayez envie de (re)découvrir le milieu hospitalier ou que vous le connaissiez et ayez envie de voir une série à peu près réaliste : Hippocrate permet ça et fait vivre de vrai moment d'émotion.