Une fois n'est pas coutume, me voilà en train de critiquer une série. Et ça va être une jolie tartine !
Pour résumer grossièrement, His Dark Materials se déroule dans un monde parallèle où les humains sont accompagnés de Daemons, des animaux, qui sont la manifestation physique de leur âme. L’héroïne, Lyra Belacqua, est une orpheline élevée dans une université (Jordan's College) à qui il va arriver, vous vous en doutez, de formidables aventures.
Dit comme ça, on dirait n'importe quelle histoire pour enfant/ado, n'est-ce pas ? Sauf que, sauf que, vous verrez que le scénario gagne très vite en profondeur.
On ne sait jamais quoi penser des séries. Une saison, elles sont mauvaises, la suivante correcte, le propos se dilue, les acteurs changent, la réalisation aussi.
Le pire étant que c'est une série adaptée de livres, que j'ai adoré étant adolescente et qui sont toujours très sympathiques à relire même à l'âge adulte.
Après une adaptation plus que discutable du tome 1 par les ricains au cinéma (on pourrait la jeter aux orties à partir de maintenant), voilà donc que nos amis les angliches se sont décidés à donner leur propre version de ce chef d’œuvre à destination des petits et des grands.
Alors pour quel résultat ?
C'est. Un. Véritable. Délice !
D'abord, visuellement, on est dans du lourd, du très très lourd. De beaux plans, cadrés, choisis. La photo et les couleurs sont toujours en accord avec les choix de réalisation et ce qui est montré est systématiquement mis en valeur d'une façon juste. Le regard s'émerveille : on ne se moque pas du spectateur, sans pour autant faire dans la surenchère façon Peaky Blinders. Le rendu n'est pas sans évoquer The Handmaiden's tale, qui, au demeurant, m'avait plus ennuyée qu'autre chose (mais c'était à cause de son propos daté).
Deuxièmement, à mon sens (mais ça reste personnel) une série qui adapte un livre doit lui apporter un plus, pas juste mettre en image un bon contenu. Le pari est tenu : malgré quelques lenteurs, la narration reste fidèle, en apportant un nouveau regard sur certains personnages. Miss Coulter est littéralement terrifiante, Lord Asriel aussi dans son propre genre. Leurs obsessions, leur caractère sont ciselés, approfondis par un jeu d'acteur juste. Dafne Keen qui joue Lyra a été bien castée, son physique a du caractère. C'est aussi une des qualité des séries anglaises, qui osent montrer des acteurs avec des physiques plus saillants, moins lisses.
Lorsqu'on connaît le livre, on s'amusera des choix faits par le scénariste de mettre en valeur certains personnages, comme Lord Boréal, en questionnant leur validité. Ou encore d'introduire si tôt Will Parry. Mais on comprend aussi très bien que c'est une manière de rendre l'univers intelligible à celui qui n'a pas lu les livres et d'apporter une forme de variété à l'ensemble, pour créer un puzzle qui sera résolu dans les saisons qui viennent.
Il y a bien quelques épisodes où des moments de flottement se font sentir, où l'intégration des effets spéciaux laisse à désirer, comme les ours en armure qui ne sont pas toujours très bien intégrés.
Mais on lui pardonne parce la série possède une véritable qualité, sa capacité à générer de la tension dramatique : alors que je connais les livres, certaines scènes m'ont quand même prise littéralement aux tripes !
Mention spéciale à l'orchestration propre et légèrement dérangeante qui renforce la plongée dans l'univers.
Bref, j'attends les saisons suivantes avec impatience et pour une fois, sans appréhension. His Dark Materials est une série efficace, propre et intéressante en plus d'être aussi une excellente adaptation pour mon plus grand bonheur.