Ce n'est pas souvent que je me retrouve dans ce genre de situation : en 5 semaines, j'ai avalé les 96 épisodes de Homeland. Certes, la canicule et la torpeur du mois de juillet ont aidé.
Et avaler ces huit saisons sans souffler, ou à peine, c'était aussi un excellent moyen de ne rien perdre des rebondissements et des évolutions des personnages.
Et Carrie Mathison (interprétée par une Claire Danes inspirée, mais étant productrice, elle pouvait l'être...) est un rôle assez particulier représentant un vrai tour de force comme jeu d'actrice. Car il fallait rester cohérent du début à la fin, sans se contredire, sans déraper, sans remettre en question des situations branlantes au fil des épisodes précédents. Par ailleurs, avoir le don de se faire apprécier, puis détester, voir haïr comme Claire Danes a su le faire, ce n'est pas donné à tout le monde. Certes, nous sommes dans une série d'espionnage, et la manipulation est un fin en soi. Mais quand même...
Et Mandy Patinkin, admirable Saul Berenson, s'est avéré être une sorte de mentor plus qu'un partenaire. Le tandem qu'il forme avec Carrie Mathison est à la foi efficace, pervers, douteux, manipulateur, déterminé, ou plus encore.
Quant aux seconds rôles, ils sont toujours bien vus, bien cadrés, bien choisis, comme Rupert Friend (admirable Peter Quinn), Murray Abraham (en vicieux Dar Adal), Damian Lewis (ambigu Brody), voire Numan Acar (en Haqqani tout aussi ambigu...), Navid Negahban (Abu Nazir détestable) ou Costa Ronin (Yevgeny Gromov en formidable manipulateur).
Cette série est plus qu'une référence en matière d'espionnage et de terrorisme. Au-delà des clichés, des aberrations voire des situations improbables (le crash de l'hélico présidentiel, le vice-président aveuglé en saisons 7 et 8...), le suspense est permanent (superbes saisons 3 et 5...), la crédibilité des personnages et des jeux d'influence, la complexité des interactions au coeur des états et au plus haut niveau de l'appareil américain sont assez époustouflantes et particulièrement bien maitrisées.
J'ai bien fait de visionner le tout d'un coup. Certes, je n'avais pas eu la possiblité de les voir au moment de leur sortie.
Voici une série de haut niveau, bien foutue, qui ne nous laisse jamais vraiment souffler, qui sait parfaitement nous emmener au fil des 8 saisons, et qui nous ouvre une porte sur une suite. Vrai ou faux... ?
Le filon est bon, alors ?
Si vous êtes passé à côté entre 2011 et 2020, il n'est pas trop tard pour combler votre lacune. Mais gardez un bon souffle : 96 épisodes, cela ne se visionne pas sur un week-end, même pluvieux.