Adaptée du livre de Caroline Goode (Honour, Achieving Justice for Banaz Mahmod, éd. 2020) par la scénariste Gwyneth Hughes (La Foire aux vanités) et réalisée par Richard Laxton, le téléfilm ”Honour” retrace l’affaire du point de vue de la policière Caroline Goode, hyper sensible et particulièrement opiniâtre.
Résumé sommaire : Cela fait trois semaines que Rahmat Suleimani est sans nouvelles de Banaz Mahmod, sa petite amie. A sa demande, une enquête est alors ouverte pour tenter de retrouver la jeune femme de 20 ans récemment divorcée.
Caroline Goode, inspectrice en chef, va ainsi découvrir que Banaz était venue, et à 5 reprises au total, alerter la police pour dire qu’elle était victime de menaces de la part de sa propre famille !
Elle avait même fourni 3 semaines avant sa disparition au commissariat une liste de noms d’agresseurs potentiels, dont son propre père et son oncle !
Or, aussi incroyable (et inadmissible) que cela puisse paraître, l’affaire avait été classée sans suite.
Outrée, scandalisée, indignée même par le fait que les plaintes de la jeune femme n’aient jamais été prises en compte, Caroline Goode va être obsédée par la recherche de la jeune femme, espérant tant qu’elle pourra y croire, qu’elle va la retrouver retenue quelque part contre sa volonté, mais surtout vivante.
Elle va hélas se heurter au silence de la famille. Le père prétend que tout va bien, que sa fille mène la vie qu’elle veut, etc. Quant à la mère, elle n’ouvrira pas la bouche une seule fois. L’oncle lui aussi va tenir les mêmes propos que le père. L’ex-mari de la jeune femme ne veut non seulement rien dire mais se refuse même à regarder sa photographie)... etc. etc.
Bref, je ne veux rien ”spoiler” de l’intrigue mais Caroline Goode, qui consacrera, sans relâche, plusieurs années de sa vie professionnelle à vouloir rendre justice à cette jeune femme, finira par obtenir ce qu’elle souhaitait plus que tout.
Le téléfilm ”Honour” est surtout un hommage, amplement mérité, à cette inspectrice en chef (consultante sur cette réalisation) dont la pugnacité inégalable a permis de faire condamner toutes les personnes impliquées dans le meurtre (”crime d’honneur”) en 2006 de Banaz Mahmod.
On avait eu droit déjà le 18 février 2014 à Banaz : un crime d’honneur (Banaz: A Love Story) de Deeyah Khan qui avait remporté le prix Emmy du meilleur documentaire d’affaires publiques international. (cf. l’intégralité du documentaire est en ligne sur You Tube)
Les crimes dits d’honneur sont une pratique ancienne consacrée par la culture plutôt que par la religion. Ils sont généralement commis par un père, un frère ou un cousin qui considèrent que c’est même ”leur devoir” d’agir ainsi pour sauver l’honneur de leur famille. Au Royaume-Uni, une douzaine de cas sont recensés chaque année ; en Allemagne, soixante-douze jeunes filles ont été tuées en dix ans ; en France, une dizaine de cas en 2011 avaient été évoqués, certains plus médiatisés que d'autres (on se souvient de Fatima tuée à Oullins, tuée par son frère).
Ce téléfilm ne vise donc pas à surprendre que de telles atrocités puissent se voir encore de nos jours et en Europe mais il vise , surtout, à montrer à quel point la ténacité de l’inspectrice fut exceptionnelle.
”Honour” est un téléfilm auquel je n’ai pas de critique à faire.
Keeley Hawes interprète magnifiquement Caroline Goode, en montrant à quel point cette inspectrice, toujours au bord des larmes, des larmes de chagrin, des larmes de courroux, des larmes d’impuissance, des larmes de révolte, a été touchée par le terrible destin de la jeune Banaz.
Keeley Hawes a rencontré en personne Caroline Goode pour les besoins du tournage qui, explique-t-elle, l’a submergée. Toutes les deux sont d’une nature hyper sensible, une sensibilité à "fleur de peau" et même encore aujourd’hui, lorsque Caroline Goode évoque cette douloureuse affaire, les larmes lui montent toujours aux yeux.
Caroline Goode a reçu pour son travail la Queen’s Police Medal, la plus haute distinction pour service rendu dans la police au Royaume-Uni.