Hoops
5.2
Hoops

Dessin animé (cartoons) Netflix (2020)

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« Hoops » me rassure : je ne suis pas un client gratuit des séries d’animation pour adultes !
Avant « Hoops », j’adhérais à toutes les séries d’animation pour adolescents-adultes, c’est vraiment ma came. Que la série soit davantage dramatique (« Bojack Horseman ») que comique (« Archer »), dans la satyre pure (« Les Simpsons ») ou la critique cinglante (« South Park »), plus singulier et compliqué d’accès (« F is for Familly ») ou instantanément attachant (« Rick et Morty »), et ce malgré le contexte de production (« Futurama ») et le budget (« Vermin ») … Je prends et je suçote. J’ai fini même par me demander si j’étais vraiment prêt à gober n’importe quoi. Merci « Hoops » de m’avoir montré que non !
Le gros problème de cette série, c’est qu’elle n’a aucun naturel : tout est forcé. Ce en raison de ses ingrédients qui proviennent tous d’autres séries de ce genre, comme le protagoniste dépressif et toxique à la Bojack ou les allusions sexuelles à multiples reprises sans subtilité à la American Dad. Sauf que « Hoops » reprend ces ingrédients qui se retrouvent dans toutes ses séries et les exagèrent à l’indigestion : le protagoniste est insupportable et se serait déjà fait tabasser depuis longtemps dans la vraie vie, on parle davantage de taille de bite que de délires sexuels – et autant dire qu’on a passé l’âge dès qu’on a dépassé les 14 ans. A sa décharge, au moins la série ne nous ressert pas l’éternel personnage alcoolique qui se retrouve dans toutes les séries du calibre… Mais pour le reste, « Hoops » n’a que l’argument de l’univers sportif (pas très exploité) pour le différencier des autres. Mais ce n’est pas le plus gênant. Le plus gênant, le plus sérieux souci de la série, ce sont les personnages (même si toujours impeccablement doublés en VF). Dans toutes les séries d’animation pour adultes, ce sont eux qui portent tout, c’est d’ailleurs pour cette raison que la qualité de l’animation passe au second plan ; même le scénario peut passer après, tant que la bande que l’on nous présente est attachante. Hélas, dans « Hoops », il n’y a bien que le grand de 2 m 15 qui peut faire rire comme émouvoir. L’équipe junior de basket est limitée à une seule caractéristique, la proviseure est carrément vulgaire, l’ex du héros est un love interrest même pas attractif (et pourtant, on essaie de nous la faire passer pour une fille à fort caractère pendant 9 épisodes…), et la thématique avec le père aurait pu être intéressante à creuser par le biais des complexes mais finalement n’aboutit qu’à un portrait viril très creux. Tout cela sous la coupole du protagoniste qui veut, visiblement, être un mix entre Bender, Archer et Rick : ils ont pris le moins bon des trois, et rajouté un souci d’empathie pour le héros, trop souvent exposé à ses colères vaines pour les rendre compréhensibles ou intéressantes. Avec ces personnages, vu l’originalité du ton, les scénaristes les font passer avant les histoires, qui sont linéaires et extrêmement simples. L’intérêt dans les séries d’animation pour adultes, ce sont aussi les branches d’intrigues qui se déroulent soit en parallèle, soit finissent par se croiser dans l’absurdité totale. Ici les scénarios tiennent en quelques lignes, et ne portent pas un regard sur la société très grinçant (même « Bob l’éponge » est plus méchant vis-à-vis des gens que « Hoops »). Tous ces éléments poussifs pour des épisodes de presque une demi-heure, cela rend une série dont on ne cerne pas bien l’intérêt. A moins, mais ça c’est une supposition personnelle, que Netflix mise abusivement sur le ton puérilement scabreux de ses blagues ô combien fines sur les pénis…
Mais tout n’est pas à jeter. En terme d’animation, même si là aussi on n’est pas face à un miracle d’originalité, cela se tient avec dynamisme et simplicité, des traits simples (les sourcils…) qui gagnent leur vie grâce à des mouvements parfaitement gérés : en somme c’est plus agréable à regarder que d’autres dans le genre comme « Big Mouth ». J’apprécie aussi la présence de la country dans le sound-design ; c’est la seule présence de moquerie envers les USA, mais elle est efficace, compte tenu des portraits pathétiques qu’elle dresse sur ses personnages. Enfin, toutes les chutes des épisodes sont très réussies, la plupart interviennent par surprise et étonnent agréablement. J’aurais aimé dire la même chose du générique, mais après quelques tentatives… Non, c’est casse-pieds, ça ne résume pas l’esprit de la série, c’est pas entrainant, ça donne juste pas envie.
« Hoops » est peut-être un avertissement sur ce que ces séries peuvent devenir. Déjà la deuxième partie de la saison 4 de « Rick et Morty » se détournait de leur base formidable pour un traitement plus « Jeune, 4ème Mur, références lolilol », et ce n’est pas rassurant. Le propre de ces séries, ce qui leur donne ce charme si singulier, c’est le témoignage de leur époque à travers un prisme cynique, avec une liberté visuelle et imaginaire impossibles à avoir en live ; si le traitement du témoignage en question est lui-même cynique, donc destiné à un conformisme pour l’époque de diffusion, elles paraissent plus méchantes et bêtes que bêtes et méchantes. Ça donnerait envie de se mater « Salad Fingers » autrement tout ça…

Billy98
4
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le 9 déc. 2020

Critique lue 601 fois

3 j'aime

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