Amateur de ce style Slice of Life (SoL), genre centré sur le quotidien anodin de personnages souvent assez jeunes, je regarde pas mal d’animés japonais mais écris assez peu — voire pas — à leur sujet. C’est difficile d’en faire l’analyse ou de trouver les mots justes pour évoquer ces œuvres touchantes et d’une grande simplicité. Aujourd’hui, on va essayer.
Horimiya est un iyashikei, c’est-à-dire un SoL caractérisé par sa tendance feel-good. Tout y est positif. Tout y est calme, attendrissant. L’objectif de ce genre d’anime, c’est de propager de bonnes ondes, et Horimiya le fait plutôt bien, louvoyant habilement entre les facilités d’écriture dans lesquelles le genre tend parfois à se vautrer. Mettant en scène un groupe de lycéens en focalisant le récit sur la romance de deux d’entre eux, l’anime nous transporte dans sa réalité tranquille, dans son atmosphère chaleureuse, et renoue avec cette époque bénie et baignée d’insouciance qu’est la jeunesse.
Fidèle à cet objectif de réconfort, Horimiya ne maltraitera jamais son spectateur. Pas de final bouleversant à nous en briser le cœur, pas de frustration liée à des personnages indécis ou incapables de surmonter leurs démons intérieurs, ni de lassitude face à des situations qui trainent en longueur. En fait, Horimiya bénéficie d’une écriture assez réussie : le récit progresse à bon rythme, trouve un bel équilibre entre humour et poésie, conserve un côté naïf et bon enfant sans franchir la frontière de la niaiserie, et présente des personnages touchants dans leur bienveillance et leurs imperfections.
Et malgré tout, on pourrait lui faire quelques reproches. En premier lieu, il ne réinvente pas la roue. Cette histoire de lycéens au caractère différent, qui s’apprivoisent avant de tisser un lien fort, on la connait. Et Horimiya — en dehors du fait qu’il fait les choses bien — n’a pas de réelle plus-value par rapport à d’autres ténors du genre. Est-ce important ? Je ne crois pas. On aurait pu me rajouter dix épisodes supplémentaires, poursuivre le récit sur plusieurs années et prolonger le destin de ces beaux protagonistes, j’aurais suivi. Très volontiers.
On pourrait aussi lui reprocher son manque d’ambition. Car au fond, Horimiya — comme beaucoup de SoL comme lui — n’a pas d’autre objectif, à travers le récit de ces vies croisées, que de mettre un peu de baume au cœur. Mais n’est-ce pas déjà une belle ambition, finalement ? Horimiya ne bénéficie certes pas d’une science pointue de la narration ou de l’intrigue, pas non plus d’une mise en scène marquante — malgré une animation très correcte, — ni même de grands discours, ou de leçon de vie qui mérite les éloges. Mais la culture japonaise conserve néanmoins une véritable science qu’on a un peu perdu dans la nôtre : la science de l’Humain, l’Art de mettre en scène le monde et la vie dans toute leur simplicité. Et ça suffit.
Au final, si j’ai beaucoup aimé Horimiya, je ne le trouve pas meilleur qu’un autre — pas pire non plus. Mais j’ai réalisé en le finissant que j’avais quand même deux-trois trucs à en dire de ces animés que j’affectionne tant :
Quand on se sent piégé dans un monde moderne toujours plus étrange, les SoL font office de suspension temporelle salvatrice. Le temps du visionnage, on peut déconnecter et se laisser porter dans un ailleurs bienveillant. Parfois solaires — comme Horimiya, — parfois plus mélancoliques et envoutants, ces animes sont une bouffée d’air bienvenue quand le quotidien est à la course et la performance. Ils nous recentrent sur ce qui est vraiment important, et ça me semble assez précieux.
En outre, écrire des œuvres complexes et tortueuses, à visée philosophique ou prospective, on devine intuitivement que ce n’est pas facile. Et à côté, nos Slice of Life et leurs ambitions plus mesurées paraissent plutôt humbles. Mais en vérité, pouvoir saisir ces moments anodins avec autant de justesse, capturer ces lieux communs avec autant de poésie, pouvoir colorer de mille nuances des histoires si ordinaires, raviver cette naïveté juvénile et ces émotions perdues pour en extraire ce qu’il y a de meilleur ; en somme, écrire la Vie dans toute sa simplicité, est-ce vraiment si simple ?
Pour toutes ces raisons, Horimiya demeure une expérience sympathique, à recommander, qui confirme que les Slice of Life conserveront longtemps une place de choix dans mes découvertes culturelles.