The gift of a good liar is making people believe you lack a talent for lying.

Saison 6

Annoncée comme la conclusion de la saga Underwood, et vue comme la précédente venait de se terminait, j’attendais beaucoup de ce sixième tour de piste. Malheureusement, les affres qui se sont abattus sur Kevin Spacey l’année dernière venaient chambouler tous les plans, en plus de me décevoir grandement. Mais Netflix a annoncé qu’il avait une solution et ils ont simplement retiré Frank de l’équation, une technique brutale mais en soit efficace. Cependant, cela en valait-il le coup ? La réponse est finale et honnête sera négative.

Parce que si l’idée d’avoir désormais Claire comme personnage principale, destinée à hériter de l’investiture suprême et de pouvoir enfin se libérer de toutes les limites qu’on lui a imposée depuis le début de la série, depuis son enfance ; cette ultime saison ne réussira jamais à vraiment concrétiser son idée. D’une part parce qu’on comprend assez vite tout l’héritage qu’a laissé derrière lui Francis Underwood et qu’il ne peut tout simplement pas être retiré de l’équation. L’ombre de Francis sera donc toujours présente, planant à chaque instant au-dessus des personnages, et donnant l’impression que les créateurs n’ont pas pu s’en détacher. Surtout, la construction de la saison laisse penser que la mort de Francis était déjà plus ou moins programmées dès le départ, et qu’ils ont tout simplement adapté en retirant les quelques épisodes où il aurait dû apparaître.

Sauf que ça ne prend jamais. Si le personnage de Claire suit sa propre voie, affronte ses propres ennemis, ses propres crises, ça restera bien terne dans l’ensemble. Pire, on a en fait cette sensation que Claire n’a personne à qui se mesurer, et tout s’enchaîne automatiquement pour elle, sans qu’il n’y ait vraiment de défi à aucun moment. Certes, cela donnera lieu à certaines scènes extrêmement jouissives et propres au personnage de Claire, mais il manquera l’enjeu derrière pour les rendre vraiment sublime. De plus, et je dois admettre que je suis déçu sur ce point, la série joue la carte de la faciliter en éliminant simplement les personnages secondaires qui étaient restés jusqu’à présent, sans état d’âme. Alors certes, la façon dont s’est amené reste dans l’esprit, mais c’est encore une fois trop facile.

Et puis surtout, le final… Jusqu’à présent, House of Cards avait proposé des finaux de grandes intensités, qui ne nous donnaient qu’une seule envie, voire la suite. Cette fois-ci, les créateurs ratent leur sortie. Sur tous les domaines. Comme je le disais, parce que prenant la facilité au lieu de tenter de nous surprendre ; mais aussi parce qu’en s’enlisant de plus en plus dans l’ombre de Francis, au point de ne plus avoir de sens ou être capable de s’en séparer. Mais surtout, c’est qu’à force de ressasser la disparition de Francis, la série oublie de développer sa propre intrigue, sa propre conclusion, et on se retrouve avec un final qui oublie de terminer son histoire. Ce n’est pas une fin ouverte, comme on peut en voir dans Les Soprano par exemple, c’est clairement une fin qui manque 10-15 minutes au bas mot, pour ne pas dire un épisode complet.

Et non pas parce qu’on a un twist, on a en effet une escalade et l’accomplissement de ce qui était latent depuis le début ; mais bien parce que certaines intrigues ne sont pas terminées à la fin de cet ultime épisode, ou alors leur conclusion n’est pas correctement amenée en tant que conclusion mais plus comme transition pour la suite. Sauf qu’il n’y a pas de suite. Du coup, le format de 8 épisodes laisse penser qu’ils ont coupé les premiers, où Francis était présent, et ont un peu adapté la suite pour tenir ; mais ils auraient dû utiliser ce qui restait pour pouvoir conclure leur saison et leur série. Donc certes, le rythme est plus élevé que d’habitude, mais d’un côté on a cette impression qu’on commence, on enchaîne 2-3 intrigues, et paf on finit. Il manque quelque chose.

Ce qui est dommage en soit, parce qu’encore une fois, même si c’est en-dessous des précédentes saisons, j’ai encore passé un excellent moment devant les épisodes, et Claire nous réserve certains moments de gloire qui entreront au panthéon de la série. Mais voilà, à côté de ça, on a cette impression de précipitation dans la construction du récit, sans prendre vraiment le temps de développer sa propre intrigue interne. Je ne vais pas m’étendre sur le reste, parce que Robin Wright est une nouvelle fois magnifique en tant que Claire, écrasant le reste du casting par sa prestance (un peu comme son personnage en fait), et le reste répondra toujours présent. Et techniquement, c’est toujours un régal, même si cette fois-ci, il n’y aura pas forcément d’épisode, de scènes ou de plans vraiment marquant par la réalisation.

Bref, une conclusion en-dessous du reste de la série, et qui montre que même House of Cards ne peut pas être parfaite de bout en bout, même si elle en a été très proche. Il n’en reste pas moins que cette saison viendra mettre un terme à une série qui aura su se montrer extraordinaire pendant près de 6 saisons, ce qui est un véritable exploit. Acquis à la cause des Underwood, je suis sans doute biaisé dans ce jugement, mais j’ai rarement pris autant de plaisir devant une série, ni attendu autant chaque nouvelle saison. Clairement LA meilleure série de cette décennie, et sans doute une des meilleures de tous les temps.