L’inlassable éloge du mécanique ordonnant le vivant
Par Guillaume Orignac
Impossible d’emblée d’ignorer l’environnement économique dans lequel s’inscrit cette série. Lancée en grandes pompes par Netflix, un réseau de diffusion de programmes en streaming, House of cards est d’ailleurs moins un simple programmes télévisé qu’une machine globale censée accoucher d’une petite révolution dans les modes de consommation des images. Machine de promotion d’abord pour son producteur Netflix qui avec cette série attendue et menée par David Fincher voit l’occasion de mettre en avant son modèle de diffusion en streaming pour concurrencer les networks et les chaînes du câble. Machine de communication aussi, puisque chaque visionnage est l’occasion d’enregistrer l’identité et le comportement du spectateur (ses pauses, ses retours en arrière, le nombre d’épisodes qu’il voit à la suite). Ainsi, moins que d’agréger une audience, Netflix mesure et épouse les désirs de ses consommateurs. Autant dire que la création d’un programme devient ici une pure entreprise de marketing. Machine fictionnelle enfin, puisque en plaçant David Fincher aux commandes, on retrouve les obsessions significatives de l’auteur de « The social network » et « Millenium » : la totalité du monde comme un jeu, le jeu comme une grille de signes, la grille de signes comme une mécanique secrète que seuls des esprits calculateurs sont à même de décrypter.
La série court donc le risque de se noyer dans une rutilance glacée répondant machinalement aux attentes de ses spectateurs. Mais la force du projet est précisément d’en avoir fait le moteur de son esthétique. Car, de sa narration à son montage, tout dans House of Cards est l’inlassable éloge du mécanique ordonnant le vivant. (...)
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