Rien de plus tendance à l'heure actuelle que les personnages d'enflure (n'est ce pas, "Le loup de Wall Street" ?). Difficile évidemment de résister à l'envie de revoir Kevin Spacey, même si le pitch n'est, au départ, pas folichon : tant de fictions politiques sont basées sur le cynisme absolu de protagonistes mutés en véritables fauves pour pouvoir survivre dans un milieu où rien n'est plus embarrassant qu'un sentiment ou un principe.
Les quelques doutes sont immédiatement balayés par la scène d'ouverture qui donne le ton, non seulement de la série mais de l'âme complexe qui habite le personnage de Frank Underwood, au nom si approprié ("sous-bois"). L'être Humain, fait de sentiments, et la Bête mondaine et médiatique cohabitent sous une même enveloppe corporelle. Et au delà d'une excellente trame, peuplée d'une troupe de personnages brillamment construits et utilisés, c'est cette étrange ballet entre l'ombre et la lumière qui est proprement fascinant : quand, comment et pourquoi l'une cède la place à l'autre ? Et, surtout, jusqu'où tout ceci peut aller...
Il n' y a guère que la faim et la fatigue qui peuvent entraver l'envie de traverser toute la série d'un coup. La "faute" à une écriture, une (ou plutôt des) mise(s) en scène, des personnages, et un jeu d'acteurs où tout est brillamment pesé et ciselé. L'ensemble des épisodes offre une cohérence remarquable, tout en possédant presque chacun son propre univers et langage visuel (je ne m'attarderai pas sur les deux premiers, parfaitement mis en scène par David Fincher, puisque les suivants ne déméritent pas), laissant chaque fois entrevoir de nouvelles et surprenantes facettes pour chaque personnage.
Un petit miracle, en somme... mais pas vraiment renouvelé par une deuxième saison beaucoup moins intéressante. Nouveaux personnages un peu clichés, intrigues répétitives...
Le peu qui filtre de la troisième l'annonce franchement barrée. On attend de voir.