L'utilisation de la politique américaine pour créer une fresque directe et passionnante, dénigrant la morale humaine par l'intermédiaire de Kevin Spacey, dans le rôle d'un anti-héros qui n’hésite pas à nous faire remarquer les détails qui se jouent dans son quotient via ses nombreux clins d’œil aux spectateurs... je trouve çà génial! HOUSE OF CARDS a un concept implacable pour expliquer simplement les enjeux de la vie politique au sommet du pouvoir mondial. Moi çà me parle et c'est déjà bien de le souligner. En parlant de Francis Underwood, ce Whip au Congrès Démocrate est des plus fascinants du petit écran américain, cynique, viscéral, planificateur, charismatique, hypocrite et par cela incroyable de vraisemblance au cours de la série, tout ça en raison de sa grande humiliation lors de sa non nomination au fauteuil de Secrétaire d’Etat dès la saison 1. S’emparant de l’influence de la presse, utilisant son influence sur le Congrès et sa ruse sans égal, il planifie une machination destructrice, totale, ayant des risques pour chaque personne impliquée et qui ravagera le Gouvernement en place. Avec son épouse Claire, femme sibylline qui se dévoile de plus en plus avec les évènements se produisant autour d'elle (j'essaye de pas trop spoiler), se forme un parallèle à MacBeth mais où les deux membres du couple serait Lady Macbeth posant leurs influence sur les autres. La politique américaine est donc dépeinte dans HOUSE OF CARDS comme tricherie, mensonge et vice, sans la condamner, mais en la façonnant la plus naturellement possible. On note pourtant une neutralité générale et impressionnante : aucun (ou rare) sourire et rire font partis du show, le sérieux et les regards symboliques dominent pour notre plus grands plaisir, ce qui nous permet de nous concentrer sur les dialogues impeccablement écrits par le créateur, Beau Willimon. La présence de l’immense Kevin Spacey pour camper Francis Underwood est une raison plus que suffisante pour regarder et tomber sous le charme de HOUSE OF CARDS bien parrainer par David Fincher, qui réalisera les deux premiers épisodes et mettra sa patte sur les autres épisodes, ce qui donnera le ton noir-bleu-taupe de l'esthétique de l'image, ces travellings lents et innovants, ce rythme Fincheresque, tout cela caractérise l’ambiance de HOUSE OF CARDS dans la lignée de son esthétique cinématographique rappelant THE SOCIAL NETWORK, FIGHT CLUB voir ZODIAC. La relation fusionnelle qu'entretien Frank et le spectateur, les séquences de discussion entre Kevin Spacey et la caméra. Ici, c’est un effet qui marche, le spectateur se sent au cœur de la Maison Blanche, au cœur du plan d’Underwood, entre incompréhension, peur, rire, jouissance, et identification à Francis. En plus de ça, les personnages secondaires qui entourent notre diabolique politicien renforce la qualité de ce show par des interprétations captivantes. Michael Kelly est parfait dans le rôle sous fifre de cabinet Doug Stamper, Corey Stoll bouleversant, Gerald MacRaney très bon en riche antagoniste, et plus important, Robin Wright, parfaite en Claire Underwood vacillante entre douceur et cruauté. Comme le dit si bien Francis Underwood, pas de place aux sentiments pour les personnages dans HOUSE OF CARDS, seul la réussite de cette machination monstrueuse est nécessaire. Même pour une personne n’ayant aucune notion ou même intérêt en politique américaine, on apprend, on se passionne, on commence à raisonner comme Francis Underwood, on finit par aider Francis pour atteindre son but, devenir Président des Etats Unis à temps plein (et pas par interim comme dans cette saison 3) et on s’en réjouit. Chaque épisode fait monter la tension et l’attirance du spectateur, on entre dans l’univers de cette version de Washington, où l’on en devient presque diégétique. Une série à dévorer sans plus attendre, tellement la qualité de tout ce qui la compose rayonne à l’écran.