Le HPI comme prétexte

Sincèrement, je ne dirais pas que cette série est exempte de mauvaises idées; mais le haut potentiel n'est là qu'un prétexte (légitime après tout) plus économique que scénaristique.

Le binôme Karadec/Morgane fonctionne franchement plutôt bien, et j'ai apprécié regarder les deux premières saisons, où certains moments sont de mon avis franchement pertinents et bien ficelés, le montage est agréable, et certains passages touchants.

Mais le maquillage à outrance, les tenues hyper "vulgaires" (bien que je n'aime pas ce mot) pour accentuer (? ou c'est juste du male gaze, j'ai ma petite idée là dessus mais passons) l'aspect haut potentiel de l'héroïne font que la série tombe dans le cliché du "finalement n'importe qui peut être intelligent et haut potentiel, peut être que votre femme de ménage l'est et que vous ne le soupçonnez pas".

Dans ce cas, si l'héroïne est HPI, pourquoi immédiatement annuler littéralement les myriades d'opportunités scénaristiques possibles grâce à la neuroatypie (encore faut-il vraiment maitriser son sujet) en sur-sexualisant Audrey Fleurot à la moindre occasion ? Si elle doit être très intelligente, alors ce sont ses capacités intellectuelles qui doivent prendre le dessus; et pas le fait qu'elle adore les chaussures et ai une plastique incroyable. Je peux entendre que finalement, le sous-texte est qu'une femme qui peut paraître "cruche" ou "vulgaire" au premier abord peut être très intelligente, mais si c'était le but premier, la mise en scène en annule toute trace, à grand coups de gros plans rapprochés sur le décolleté, les jambes de l'actrice, et le fait qu'elle plait à quasiment tous les hommes qu'elle rencontre et par dessus le marché couche avec (j'insiste, le soucis n'est pas qu'elle ait une vie sentimentale, c'est comment elle est filmée, le temps que cela prend à l'écran en proportion du temps réel dédié à la douance et à ses multiples aspects).

C'est une série grand public certes, mais justement, filmer une femme "douée" d'une autre façon nous aurait changé. D'autant plus qu'en pendant, les représentations de l'intelligence au masculin dans les enquêtes policières (Poirot, Sherlock, et leur réadaptations) sont carrément à l'opposé rien qu'au niveau du look des personnages principaux. Et en y pensant, rien que l'image de présentation de la série, où l'actrice est entourée de mots divers et variés ("hyperactive", "barrée", "excentrique", "hyper ceci", "hyper celà") sonne faux, comme si son intelligence finalement se résumait à tout avoir, et rentrait encore une fois de plus dans tout ce que l'on retrouve dans la quasi totalité des films et des séries actuels.

Je m'énerve, mais cela reste tout de même agréable à regarder, et j'apporterais une vraie séparation entre les deux premières saisons et la troisième. Les acteurs sont plutôt bons, et on s'attache à la petite équipe du commissariat qui tente du mieux qu'elle peut de gérer Morgane Alvarot. Mais la saison 3 est déjà de trop. Le ton est donné dès le premier épisode, Audrey Fleurot en bikini dans la piscine, et au minimum trois fois plus maquillée que dans les saisons précédentes. Si le Hpi était éventuellement petit fil directeur de départ, il a dans la saison 3 pour moi carrément disparu.