Hunter X Hunter: la quintessence du shonen
Hunter X Hunter est un manga de Yoshihiro Togashi prépublié dans le Weekly Shonen Jump depuis 1998 et qui compte à ce jour 32 tomes reliés. Une première adaptation en série TV avait été réalisée en 1999. Cette nouvelle mouture de 2011 est un reboot et reprend donc l’histoire depuis le début pour ensuite adapter les arcs inédits en animation que sont l’arc “Kimera Ants” et l’arc “Election”.
Je ne lis pas le manga mais la version animée de 1999 m’avait en son temps passionné. Comment aujourd’hui, la trentaine bien entamée, l’adaptation d’un shonen d’aventure à première vue classique (quelques épisodes suffisent pour se rendre compte qu’il n’en est rien) et à priori plutôt destiné aux adolescents peut-elle encore me faire vibrer? Tentative d’explications:
Hunter x Hunter c’est d’abord un univers attrayant qui s’enrichit et se complexifie au fil des aventures, et qui demandera parfois au spectateur de s’accrocher un peu pour en cerner toutes les subtilités (notamment à partir du moment où le “nen” est introduit). Autant donc prévenir d’emblée: certains épisodes ne sont que dialogues, explications, analyses, confrontations de point de vue et autres élaborations de stratégies. Si ça peut paraître un rien fastidieux, cela contribue grandement au charme de l’œuvre en permettant le développement d’un univers et de situations d’une richesse quasi infinie.
Hunter x Hunter est donc un anime qu’on pourrait qualifier de bavard et les affrontements (quand il y a en a) sont avant tout stratégiques, voire politiques sur la fin. Les moments d’action véritable ne sont pas si nombreux (arc "Kimera Ants" mis à part) mais du coup se révèlent particulièrement intenses et parfaitement misent en valeur par une animation et une réalisation remarquables. Le studio Madhouse réalise ici une adaptation de qualité.
Hunter X Hunter se caractérise également par l’inventivité de son auteur qui ne semble pas avoir de limites et on apprécie être constamment surpris par le déroulement des événements. Car si Togashi (déjà responsable entre autre de YuYu Hakusho) maîtrise et exploite les codes et schémas traditionnels du shonen d’aventures, c’est pour mieux les sublimer, les renouveler et les épurer de tous les clichés et autres poncifs qui alourdissent le genre. Et ça fonctionne au mieux, l’anime se révélant totalement addictif.
Hunter X Hunter dispose enfin d’un autre atout majeur: ces nombreux personnages particulièrement charismatiques. En effet on nous épargne ici les personnages lourds qui horripilent, ceux qui ne servent à rien ou encore ceux utilisés de façon abusive comme ressort plus ou moins comique. Certes l’œuvre réserve des moments légers non désagréables (notamment avec Leorio, une réussite), mais dans l’ensemble le ton est plutôt sombre. Et si certains criaient au scandale au début de la diffusion de l’anime en assurant que l’adaptation était édulcorée pour les plus jeunes, il n’en sera rien au final. La violence, physique ou bien des situations rencontrées, est bel et bien là; la mort également. Chapeau donc à la réalisation qui souvent suggère plus qu’elle ne montre, n’enlevant en rien la violence du propos ou des actes et évitant le piège de la surenchère sanglante (et ainsi la probable censure qui en aurait découlé). On appréciera également l'absence de manichéisme appuyé. Les “héros” (même le jeune innocent et souriant Gon) ont tous une part importante d’ombre en eux, et les bad guys se révèlent souvent plus humains et complexes que de prime abord.
Ultime shonen d’aventures, les 148 épisodes de Hunter X Hunter version 2011 assurent du grand divertissement et un pur moment d’évasion. Le manga étant toujours en cours de publication (mais en pause comme d’habitude), l’espoir de voir débarquer une suite d’ici quelques années n’est pas impossible. Croisons les doigts.