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Le handicap mental, la perte d'autonomie et de liberté, de repère et d'identité, et bien sûr la dépendance aux autres, où le déni de l'individu ne laisse aucune lueur d'espoir, on y a tous sûrement déjà pensé avec effroi par ce que cela implique d'impuissance. Sans aller dans le traitement choc du documentaire de Frederick Wiseman avec Titicut follies, on trouve dans I know this much is true, ce reflet peu réjouissant dans le traitement de ces personnes soumises à la vindicte des institutions.


En adaptant La puissance des vaincus de Wally Lamb, Derek Cianfrance a bien choisi son thème et reste dans son environnement naturaliste pour un portrait familial en perte de vitesse. Celui de deux jumeaux diamétralement opposés, dans leur relation compliquée d'amour/haine, de dualité entre attachement et besoin d'indépendance, à laquelle vient se rajouter la schizophrénie et la lente dérive vers l'obscurité et le mysticisme d'un frère malmené depuis son plus jeune âge. Dominic n'aura de cesse de rejeter son frère, exaspéré par ce miroir inquiétant, tout en y étant profondément attaché. Après un acte de violence envers lui-même Tomas est interné et Dominic passera sa vie à tenter de le sauver. En quête de rédemption il devra faire un long parcours pour enfin accepter sa propre destinée.


Peu d'œuvre sont aussi puissantes tout en respectant les codes de la fiction, en évitant tout sentimentalisme exacerbé sans pour autant se vautrer dans la représentation. C'est profondément délétère et en même temps, quel plaisir d'avoir ce type de travail et on salue HBO qui souvent propose des séries hors les clous et si bien senties. Car le malaise que cela procure parfois dans ce cheminement et cet environnement particulièrement morose procure un sentiment de cinéma vérité pour un regard sans concession sur la misère du monde.


Si la maladie mentale est ce qui semble être le fil conducteur par le personnage de Tomas, il sera question tout autant de religion, de paranoïa face à la guerre, de chômage, de la perte et du deuil, de l'incompréhension familiale, ou de relations amoureuses déjà en faillite avant même d'avoir commencées. Ce sera aussi et surtout le poids de la transmission et de la violence, celle que l'on a acquise par la force des choses, ou celle bien plus sournoise par les humiliations familiales promptes à fracasser les esprits les plus sains.


Malgré le format mini série, le cinéaste rend 6 épisodes d'une heure chacun, d'égale facture, sans accessoire, appuyé par une mise en scène sobre et froide, aux teintes ternes et à la musique choisie, aux dialogues percutants et désespérés, où la défaite constante crée le lien entre tous ces personnages sans qu'ils se rejoignent pour autant. Chacun empêtré dans leurs malheurs tentant de sortir la tête de l'eau pour replonger constamment dans un drame, l'un après l'autre sans qu'il semble y avoir de fin. Un pessimisme qui transpire à chaque scène, à chaque situation, à chaque rencontre et dialogues de sourds.


Au vu de l'ambiance on devinera aisément quelques scènes et rebondissements, et on trouvera que ces malheurs incessants rendent l'ensemble parfaitement glauque, mais il reste un regard profondément cinglant sur une Amérique peu glamour.


La nécessité de revenir aux sources pour comprendre d'où l'on vient, fait forcément écho et émaillent la narration de flashbacks, tout aussi sombres où la lecture d'un manuscrit écrit par un grand père des plus abjects, nous transportent dans l'immigration et le rêve Américain, mais n'en oublie pas de rajouter une pincée de racisme et de violences faites aux femmes.


Derek Cianfrance qui offrait un bel éclairage à Ryan Gosling avec Blue Valentine et A place beyond the pines offre à Mark Ruffalo un rôle à sa mesure, où le travail sur les émotions est décidément son point fort. Et si on salue la performance de l'acteur jouant de la candeur pour Tomas ou d'une violence retenue pour Dominic maniant ses expressions avec une grande aisance, on remarque aussi Philip Ettinger qui assure sur la période adolescente avec la même facilité à retranscrire les différences de caractères et une sensibilité à fleur de peau.


Une réussite.

limma
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le 26 oct. 2020

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limma

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