"I may destroy you" c'est la mise en abyme d'une autofiction que l'héroïne et écrivaine Arabella est en train d'écrire sur sa vie. Cette jeune londonienne écrit, enquête, procrastine autour de ce qui s'est passé ce fameux soir où elle a fait un black-out lors d'une soirée bien bien arrosée.
Cette série est une ode à l'écriture comme thérapie, à l'amitié qu'on tisse plus ou moins bien et montre les relations humaines sous ses aspects les plus beaux et les plus répugnants. C'est une claque pour déconstruire la culture du viol, le racisme et l'homophobie systémique qui sont intrinsèquement liés et complexes.
Pour moi on ne survole pas différents sujets, on les vit à travers les histoires personnelles d'Arabella et de ses amies : des personnes noires, queer et fêtardes de classe moyenne. On explore avec eux leur rapport au sexe, à la sexualité selon leurs sensibilités et leurs caractères tous très différents. Néanmoins, on constate que la violence lié au sexe consenti ou non, est un point commun à tous. On les accompagne jusque dans leur descentes aux enfers, jusqu'au tréfond du glauque, de l'humiliation et de la mise à nu. Ames sensibles s'abstenir donc et trigger warning sur le viol.
Comme beaucoup de gens l'ont fait remarquer, il y a de nombreuses thématiques autour des violences sexuelles principalement qui sont abordées, mais elles sont toutes cohérentes et l'on ne peut pas dire qu'elles sont des trajectoires isolées. Les pans d'histoires mis ensemble renforcent justement ce discours puissant qui consiste à détruire bout à bout le système patriarcale et l'hégémonie du mâle blanc hétéro, sous différents angles et perspectives.
J'ai d'ailleurs trouvé le dernier épisode magistral, alors que ça aurait pu être casse-gueule de trouver une fin convenable à cette histoire, Michaela Coels joue avec les ressorts de la narration et la force de l'imaginaire. Mais je n'en dis pas plus...
J'ai donc bingewatchée cette série qui ne sombre ni dans le larmoyant ni dans le drama et qui emploie un ton très juste à mes yeux. Elle montre très bien les différentes étapes que peuvent vivre des personnes qui ont vécu des traumatismes (déni, colère, impuissance, peur, fuite...) conscients ou inconscients.
Il faut dire que j'ai aussi adoré le caractère d'Arabella qui est très bien écrit : quelqu'un de lumineux et de positif qui ne se laisse pas abattre et cherche sans cesse la présence des autres pour la rassurer quitte à être dans le déni dans certains cas. Un personnage qui paraît plus vrai que nature dans le sens où elle a un caractère qui ne se laisse pas abattre mais se fait surprendre par la dure réalité.
Une série nécessaire : belle, intelligente, dark mais parfois drôle et légère, mais surtout très créative !!! Un big up +++ pour la Bande originale !!! <3