Ancré dans la culture populaire depuis la fin du XIXème siècle, les zombies percent l’écran via la célèbre trilogie de Georges A. Romero. Depuis la créature nous a effrayé de manières variées que se soit sous forme parodique (le mauvais Dead Head), à base de foung footage ( Diary of the dead) ou offrant une relecture moderne d’une tragédie shakespearienne ( le réussis Warm body), dire que l’on ai été gavé de long-métrages sur le thème du mort-vivant est un doux euphémisme. Pour autant on peut remarquer que le genre horrifique s’est rassasié de ce folklore et préfère maintenant se tourner vers d’autres horizons pour des raisons souvent mercantiles, la prolifération d’œuvres optant pour le found footage en est l’exemple.
Que les amateurs de chairs putrides ne s’attristent, le genre continue de persister grâce à la petite lucarne. La série venant directement à l’esprit est évidement The walking dead mais d’autres ont vus et voit le jour en parallèle. On peut citer l’excellent Dead set et voilà donc In the flesh. Au-delà de la créature abordée, c’est bien la façon dont elle est traitée qui est réellement intéressante. On s’éloigne des mondes post-apocalyptiques où les humains sont les proies pour se placer dans un univers où les zombies, ou plutôt les personnes souffrant du PDS (Partially Deceased Syndrome), sont en phase de trouver une place dans la société.
Un postulat assez proche d’une autre série True blood, proposant aussi la vision d’un monde où une cohabitation entre humain et êtres fantastiques est possible mais fragile.
Le côté sociétal est un point important dans la narration et pour que cela fonctionne mieux le réalisateur place l’action dans une petite bourgade. Un choix audacieux, on découvre une communauté vivante et divisée semblant être le reflet parfait de la situation que vit le pays. On comprend rapidement la situation et les différents enjeux. Ces derniers sont assez classiques : une partie est pour la réintégration de ces malades et une autre est contre. Différents événements vont faire évoluer les opinions des personnages et offrir des confrontations intéressantes entre les deux "clans".
L’élément le plus frappant dans la série concerne la volonté d’humaniser au maximum ces PDS au point d’en faire des êtres faisant plus preuve de compassion que les individus les rejetant sous prétexte de leur différence. C’est d’ailleurs le but de la série, véhiculer un message de tolérance en utilisant des éléments fantastiques. Pour autant, l’exclusion que vivent les zombies peut être comparable à celle que vivent certaines personnes pour des choix réalisés ou pour des raisons ethniques. Cette portée universelle confère une profondeur et un atout non négligeable pour cette œuvre.
On pourra reprocher à la série de vouloir jouer un peu trop sur la corde sensible dans sa seconde moitié mais cela ne gâche pas le plaisir que l’on a à suivre les déboires d’un jeune essayant de retrouver sa place au sein de sa famille et son village.
Pour le récit à proprement parlé, les situations sont plus ou moins banales mais mis dans le contexte s’enchaine bien et se suit sans mal. On pourrait regretter des intrigues secondaires trop peu exploitées telle que l’individu mystérieux promettant un Éden pour les malades mais la saison étant courte (3 épisodes), il est normal de devoir faire des impasses.
Réussir à transformer une série sur le thème du zombie en un plaidoyer pour l’acceptation de l’autre sans trop matraquer son message ni tomber dans un pathos trop pompeux voilà ce que propose In the flesh. Une bonne surprise qui vient encore du Royaume-Unis !