Cette série était pleine de promesses et elle n'en a en fait tenu aucune. J'attendais des conflits d'intérêt sombres, des personnalités matures, une lutte incessante entre les héritiers des grandes firmes... Rien de tout cela vraiment. C'est une énième version de Cendrillon lycéenne, convoitée par des princes incapables de tenir tête à leurs parents.
Malgré ma déception, je note favorablement The Heirs. Plusieurs raisons à cela :
— Kim Woo-Bin !
— Kang Ha-Neul !
— Kim Woo-Bin !
— Kang Ha-Neul !
— Kim Woo-Bin !
Ce sont bien ces deux acteurs (aussi fantastiques dans tous leurs autres drama) qui mènent The Heirs à bon port, en éclipsant l'histoire convenue d'un amour impossible entre un jeune homme riche et une jeune femme pauvre.
Kim Woo-Bin interprète ici Choi Young-Do, un tyran fortuné, une brute apparemment dénuée de compassion. Young-Do est pourtant LE personnage de The Heirs, celui dont je me souviendrai surtout. Ses scènes sont toujours les plus amusantes, et la qualité de la série dépend entièrement de son sourire. Bien qu'il ne soit pas le héros (soit le « vainqueur ») de l'histoire d'amour, il appartient au triangle amoureux, aussi formé de Kim Tan, son rival, et Cha Eun-Sang, ladite Cendrillon.
C'est le désormais très — trop — célèbre Lee Min-Ho qui endosse les habits ridicules de Kim Tan, perpétuel bon à rien qui, pourtant, fait craquer tout le monde... Là où le bât blesse, c'est que l'acteur se retrouve une nouvelle fois avec un personnage exaspérant, harceleur à sa façon, violent, agressif, dénué de bon sens. Kim Tan est la réincarnation de Gu Jun-Pyo (voir le drama Boys Over Flowers) ! Ce sont les mêmes, en tous points ! Et ça fait peur... Une nouvelle fois, la gentille héroïne se fait avoir par le visage (plus ou moins) agréable du jeune homme et subit sans se plaindre ses sautes d'humeur. « Si je te dis de m'attendre, tu m'attends. » Voilà le credo de Kim Tan. Et oui, Cha Eun-Sang attendra.
The Heirs fait partie de ces séries extrêmement frustrantes car incapables de se détourner du pitch bateau : la fille tombe amoureuse du garçon et ne s'éloigne jamais de lui, malgré les avances d'un autre parti plus intéressant. Quel dommage ! Car l'autre parti en question (Choi Young-Do, donc) a tellement plus à offrir. Cha Eun-Sang le dit elle-même : « Si j'avais su ça avant [que tu étais aussi plaisant], ça aurait été différent. » Comprendre donc que si elle avait pu connaître Young-Do avant Kim Tan, elle aurait très certainement fini avec le premier. C'est d'autant plus frustrant que Young-Do est le premier des deux princes à avoir « rencontré » Cha Eun-Sang ! C'est à la minute 7 (environ) dans le premier épisode, les deux se croisent dans un garage et le regard du jeune homme suit son futur premier amour alors qu'il s'échappe... Si seulement ils avaient échangé un mot !
Les scénaristes tenaient là un retournement de situation exploitable : il leur suffisait de révéler cette première rencontre. Mais non, ça ne se fera pas et tout finira comme on le sentait dès l'épisode 1.
Quant à Kang Ha-Neul, il tient ici un rôle mineur mais plus profond même que celui de Lee Min-Ho. Il est Lee Hyo-Shin, un sunbae au lycée, avide de liberté car étouffé par des parents jupitériens. Tiraillé entre un mirage d'amour pour son professeur particulier (une jeune femme un peu plus âgée) et ses envies suicidaires, il est celui qui affirmera le premier son indépendance vis-à-vis de sa famille.
Jusqu'à l'épisode 16, à peu près, The Heirs se débrouille pour conserver son attrait de départ, c'est-à-dire l'illusion qu'une fin heureuse est possible pour Choi Young-Do et Cha Eun-Sang, Après, ce n'est plus qu'un glissement impossible à arrêter vers l'ennui ; terminer les quatre derniers épisodes relève de l'exploit.