Je pourrais citer une dizaine... non, une demi-centaine de séries télévisées dont il est proscrit de spoiler le prochain épisode, afin de préserver les espérances de chacun. Le drama White Christmas est d'un tout autre niveau : il est presque dommage d'en donner un simple synopsis. Il devrait même être interdit d'en écrire une critique...
Je m'y risque tout de même, en respectant cependant une règle simple : je ne dirai rien de plus de l'histoire que le résumé donné (par moi-même, soit dit en passant) sur la page ci-présente. C'est surtout de l'atmosphère de ce drama en huit épisodes que je vais parler, de son intérêt, de sa qualité artistique, voire poétique. Je tairai les personnages, leur nom, leur psychologie, leurs relations... car ce serait trahir l'objectif même de l’œuvre : nous les mettre à nu. Sachez néanmoins que le titre original du drama était « Monster », et que ce mot-là n'avait pas été choisi pour le simple plaisir de la scénariste. Si vous vous êtes renseigné sur le drama sans trop de précaution, vous savez sans doute que la question « naît-on monstre ou le devient-on ? » (« monstre » est à entendre comme « inhumain ») est sa clé de voûte.
White Christmas est donc un thriller psychologique visuellement stupéfiant, adroitement scénarisé et tout à fait passionnant. Malgré l'acclamation de quelques critiques, la réception a été peu enthousiaste et le drama n'a pas reçu l'attention qu'il méritait. Tant pis pour tous ceux qui sont passés à côté, dirais-je ! La réalisation est certes simple mais elle crée une ambiance obsédante, pleine de poésie, soutenue par l'architecture à la fois labyrinthique et aérée du lycée où se déroule l'action, et un éclairage austère. De chaque plan semble s'écouler une sorte d'atonie, de telle sorte que l'ensemble reste toujours cohérent. Une interview de la scénariste révèle qu'elle recherchait avant tout de grands jeunes hommes, qu'elle portait plus d'intérêt à leur taille qu'à leur jeu d'acteur ; ainsi, la plupart sont inexpérimentés mais la mise en scène les élève à tout autre chose. Pourquoi de grands acteurs ? J'imagine qu'il y a une recherche d'uniformité à tout niveau même si les caractères des personnages, eux, sont très dissemblables.
Il n'y a pas de caricature, chaque personnage est unique et humain. Ils sont notre propre reflet. Ils sont nous. Et c'est dans leurs forces et, surtout, dans leurs faiblesses que nous découvrons l'Homme. Tout ce qui est dit, tout ce qui est montré, tout est là pour une raison. Les plans qui au premier abord paraissent inutiles trouvent toujours une explication, que celle-ci soit donnée dans la minute suivante ou bien dans l'épisode suivant. Le spectateur se doit d'être alerte ; il n'y a aucun temps mort malgré la lenteur de certaines scènes (paradoxalement, cette longueur semble toujours trop courte). Ce n'est pas un défaut en soi mais mon seul regret, c'est d'avoir fini White Christmas.