Inspiré de faits réels, mais irréel

Inventing Anna est une série sur Anna Sorokin, dit Anna Delvey qui a arnaqué les plus hautes sphères people de New York, mais aussi des grosses banques américaines. Série toute droite sortie d'un article: "How Anna Delvey Tricked New York's Party People" de Jessica Pressler, des interviews avec Anna Sorokin et de Shondaland.

Avant l'annonce de la sortie de la série, je pense que très peu de personne était au courant de l'existence d'Anna Sorokin ou encore de ce qu'elle avait fait à New York. Avant et après son procès aux Etats-Unis, cette histoire n'avait pas vraiment voyagé. Peut-être est-elle passée mais que nous l'avons oubliée? Peut-être n'avait elle pas vraiment eu d'impact au delà de son pays ? Dans tous les cas, Shondaland nous indique qu'Anna Sorokin est une célébrité, et s'en est une, surtout après l'explosion de la série. Certains demandent même s'il y aura une saison 2 à cette mini-série, tellement Anna Sorokin a fasciné le monde. L'explosion de la série la vraiment rendue plus célèbre que ses propres actes.

Alors, est-elle une véritable héritière allemande? Une génie des mathématiques avec une mémoire photographique? Ou seulement une arnaqueuse qui a vraiment entourloupé les plus grandes banques et les plus grandes fortunes américaines?
La série avait pour objectif de répondre à cette question, sans vraiment y répondre. Pour les uns, elle est une génie qui a réussi un coup magistrale. Elle a réussi à entourlouper l'élite new-yorkaise avec un compte fictif en fiducie de 60 millions de dollars, elle a fait croire qu'elle était une héritière allemande, elle a convaincue un avocat de faire des démarches auprès de plusieurs banques pour obtenir un prêt de 40 millions de dollars... Pour certains, c'est une génie, et c'est ce à quoi Shondaland veut nous attacher. Le personnage de Vivien Kent y est pour quelque chose. Son attachement, ses nuits blanches, son investissement, son envie de la voir innocente. Même l'avocat dépasse son investissement auprès d'Anna en mettant sa famille côté, même après le procès. L'objectif est de nous montrer Anna comme quelqu'un pour qui on peut plier, une victime que l'on veut voir "Non Coupable". Les journalistes qui accompagnent Vivien, de vrais stéréotypes ambulant, célèbrent les chiffres d'accusations gagnés par Anna. Des journalistes supposés impartiaux, adulent une arnaqueuse que l'on a bien vu arnaquer. Alors, faut-il banaliser les arnaques?

D'un autre côté, Anna Sorokin avait une bonne idée irréalisable, mais le fait est que c'est bien une arnaqueuse. Le fait est qu'elle même ne se considère pas en arnaqueuse, elle vit dans son délire d'héritière jusqu'au bout, peut-être jusqu'à se convaincre qu'elle en est une. Mais à la fin, c'est une manipulatrice. Une manipulatrice professionnelle, qu'on ne finira jamais par cerner, du fait qu'elle ne sache absolument pas qui elle est à la fin. Elle est tout, blonde, brune, jet-setteuse, femme d'affaire, arnaqueuse, naïve... On veut la faire passer pour un personnage pour qui les actes qu'elle a commis sont justifiés, mais la justification finale est creuse, n'amenant aucunement à une raisonnable conclusion.

Entre glamour, investissement, et musiques tendances, la série accroche tout de même, car le sujet fascine, à un point de non retour parfois. L'épisode sur Marrakech étant de loin le plus fort en émotions et aussi le plus révélateur sur Anna Sorokin. Et de loin mon préféré. La série fascine car ce qu'elle a fait, est quand même impressionnant. Comment personne ne s'est posé des questions sur elle, son argent, sa famille? Comment elle est passée comme une lettre à la poste, au milieu d'un monde de requin et de riches?
A la fin, la série montre une chose, "l'invention Anna Delvey" n'est pas viable si elle n'est pas vraie. Anna Delvey n'aurait jamais pu réussir. L'image comme elle le dit souvent, c'est important, mais son image est trop parsemée qu'on ne sait plus qui elle. Anna s'étiole comme si elle n'avait jamais existée.

Il n'empêche que Julia Garner, qui incarne Anna Sorokin, est vraiment géniale dans son rôle. D'autres sont bons d'autres moins bons et certains sont horribles. Avec des personnages stéréotypés, des morales pas fut fut, du féminisme partout, des pseudos journalistes... La série ne met pas toutes ses chances de son côté. Mais, c'est Julia Garner qui fait la série. Elle est magnétique et donne envie de comprendre Anna Sorokin. La série est bien ficelée aussi, assez logique et bien exécutée, quand elle s'en donne les moyens. Mais le gros du problème reste le fond et l'allégeance prise par la réalisation.