Pour qui aime les histoires d'escrocs ayant mystifié leur entourage au-delà de l'imaginable jusqu'à ce que le château de cartes s'écroule de façon spectaculaire, c'est une série intéressante. Inventing Anna a l'avantage de prendre le temps de décortiquer tous les abus de son antihéroïne avec ses neufs longs épisodes, rendant l'apogée et la chute de cette fausse mondaine new-yorkaise assez palpitante à regarder. Il est vrai qu'ici le sujet est objectivement surexploité en comparaison d'autres "biopics" d'escrocs (The Wizard Of Lies, l'excellent téléfilm avec Robert de Niro en Bernard Madoff, en disait finalement autant en conservant une durée très sobre de 2h15), mais les rebondissements et situations croustillantes qui ponctuent Inventing Anna rendent le récit suffisamment addictif pour apprécier la série dans son long cours. Le personnage central est campé avec conviction par Julia Garner, brouillant souvent de façon troublante la limite entre la série et les faits authentiques.
Mais au-delà de l'histoire et d'Anna elle-même, il n'y a finalement que peu de choses à se mettre sous la dent ici. De nombreuses libertés par rapport à la réalité ont été prises afin de ponctuer le récit et de servir d'exposition aux vrais protagonistes, un procédé en soi acceptable, mais réalisé ici de manière complètement insipide. Les personnages fictifs, à commencer par la journaliste au coeur de la série et ses comparses, sont embarrassants tant ils sont caricaturaux et creux, ne servant la plupart du temps qu'à expliquer l'action à haute voix. Vivian Kent en particulier est un personnage piètrement écrit dont on finit par redouter les inutiles scènes personnelles, complètement hors sujet et en plus affaiblies par une interprétation systématiquement excessive, dont on se demande par instants si elle ne provient pas d'une parodie quelconque. La réalisation est anodine et n'essaie pas ou du moins ne parvient jamais à transmettre d'émotions fortes, bien que la longue durée de la série joue en sa faveur. Les musiques sont mauvaises et répétitives.
Au final, Inventing Anna est un petit plaisir coupable davantage coupable que plaisant, se suivant avec une évidente facilité mais laissant tout de même l'impression de regarder une série vraiment médiocre dont on se souviendra certainement de l'histoire mais dont on oubliera rapidement tout le reste, qu'on le veuille ou non.