Il a suffi d'une simple poignée de main, d'un simple voyage en avion et d'une escale malheureuse pour que la catastrophe se répande comme une traînée de poudre. De Tokyo à Minneapolis, la grippe se transmet, infecte et tue. Alors que le CDC cherche un vaccin et que l'OMS tente de déterminer l'origine de la pandémie, les cadavres s'amoncellent aux quatre coins du globe.


En tout cas, c'est ce que l'on constate dans la première partie du film. Après des premières minutes saisissantes, où le décor est magistralement posé - en grande partie grâce à Gwyneth Paltrow, qui ne joue cependant pas un rôle très important dans le film -, on assiste avec inquiétude à ce que l'on peut qualifier de fin du monde. Filmée avec sobriété, la pandémie selon Soderbergh a effectivement de quoi faire peur, tant elle est réaliste et implacable. Le scénario, glaçant, referme rapidement ses griffes sur les personnages, le tout sur une musique électronique bien dosée et très à propos. Kate Winslet tire ici son épingle du jeu et épate tout à fait par sa présence et son charisme : son personnage, son combat prennent totalement le spectateur au jeu et ne manquent pas d'être passionnants... Et c'est bien ce que l'on peut reprocher aux autres acteurs. Entre un Matt Damon plutôt correct mais somme toute assez anecdotique, un Jude Law peu intéressant, et une Marion Cotillard rigoureusement à l'ouest, on comprend vite que l'intérêt du film résidera surtout dans sa trame de fond (et dans Kate Winslet).


C'est donc avec déception que l'on accueille la seconde moitié du film : il a suffi d'un virage à 180°, d'un simple choix scénaristique malheureux, et la catastrophe se répand d'un bout à l'autre du public. Entre un comptage de jours soudain farfelu compte tenu de ce que l'on nous montre à l'écran, des histoires qui retombent dans le basique le plus total et des personnages qui s'embourbent dans des sortes de caricatures peu crédibles, on sent Soderbergh soudain totalement dépassé par son propos, tant et si bien qu'il ne le creusera pas davantage et que l'intrigue et la tension retombent subitement comme des soufflets. On ne sent plus la réalité "clinique" montrée précédemment mais on vogue plutôt entre deux eaux, la narration se faisant très hasardeuse pour finalement achever littéralement des histoires qui n'ont au bout du compte que peu d'intérêt (Marion Cotillard est à ce titre la grande gagnante puisque son personnage et l'histoire jointe ne servent absolument à rien, n'ont aucun impact sur quoi que ce soit, et ne présentent aucun moment intense ni intéressant - c'est si lisse et propre qu'on croirait son script passé au Cillit Bang).


Clairement, ce n'est même pas avec du recul mais immédiatement en visionnant cette deuxième moitié que l'on regrette amèrement la première. Les choix scénaristiques osés vus au début semblent carrément provenir d'un autre film tant on rentre ici dans le politiquement correct et le prévisible de bas étage.


L'épilogue n'aura d'ailleurs pour effet que de provoquer un haussement de sourcils et ressemble plus à une scène oubliée au montage qu'autre chose. L'intérêt de cette séquence en tant qu'épilogue reste bien abscons. Alors qu'on traite le public en adulte lors de la première moitié du métrage, il devient incontestable à ce stade du film qu'il a été repris par la main de façon bien maladroite.


Contagion est donc un film en demi-teinte, un vrai de chez vrai ! Pas le film dont chaque scène est mitigée, mais bien celui qui ne résiste pas sur la longueur. A voir par curiosité tout de même pour une première moitié intense, mais n'hésitez pas à faire des pauses cigarette, voire une sieste, suite à la superbe deus ex machina qui tombe comme une tuile sur le coin de la tronche et fait sombrer tout le film avec elle.


PS : Si vous voulez rire avec Contagion, n'hésitez pas à toussoter à la fin du film ! Chez vous aussi toute la salle aura sans doute eu la même idée, et vous pourrez vous enfuir fier de votre forfait, jeune déconneur que vous êtes.


Mise à jour 18 mars 2020, jour 2 du confinement covid-19 : il faut reconnaître que la seconde partie optimiste du film serait sans doute beaucoup plus appréciable aujourd'hui, et que ça rendrait certainement le film plus agréable à regarder...

Minou
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le 9 nov. 2011

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Minou

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