Une histoire d'amour bateau ?
Une série qui rend honorablement justice au merveilleux roman de Charlotte Brontë, mais qui je trouve fait quelques impasses bien dommages (dès le début, ne pas mettre la scène, qui donne tout le goût du tempérament de Jane, de l'altercation entre elle et sa tante... ! Et surtout y faire des allusions par la suite... !) et a surtout des problèmes de rythme évidents. Le deuxième épisode est lent et bizarrement presque dénué d'événements - tandis que le quatrième et dernier saute à toute vitesse sur des choses qui ont tout de même leur importance, sans qu'on comprenne bien comment on en est arrivés là (St John décide d'apprendre une langue à Jane, la scène suivante il la demande en mariage, la scène suivante elle entend la voix de Rochester et part à Thornfield...). Bien entendu, je comprends tout à fait le choix fait par la réalisatrice de focaliser le récit sur l'histoire d'amour de Jane et Rochester - mais c'est éclipser ce qui fait à mon sens une des particularités, et même quand on creuse un peu un des atouts principaux de Jane Eyre : l'histoire ne se résume pas à son idylle, mais elle s'intéresse à la vie et à l'accomplissement de Jane, avec ses difficultés, ses expériences, indépendamment de Rochester, avant et après lui. C'est l'histoire d'une vie, d'une femme, d'une indépendance, d'un combat obstiné - pas une simple histoire d'amour avec des obstacles résolus à la fin. C'est donc honorable sur bien des points, mais il y a une grosse faille à ce niveau-là dans cette adaptation.
J'ajouterai simplement que Ruth Wilson est parfaite pour ce rôle, tant dans son jeu que dans son physique (qui a son importance dans l'oeuvre), mais que je trouve Toby Stephens un peu trop beau quand même. J'approuve aussi l'esthétique du film, sa sobriété, sa restitution fidèle d'une atmosphère et des dialogues. Le bilan est donc, au final, plutôt positif !